Le vieillissement de la population rend-il caduc tout espoir de maîtrise des dépenses de santé ?Si les dépenses de santé sont vouées à croître, ce n'est pas tant en raison du vieillissement de la population qu'à cause de la dynamique du progrès médical : des innovations thérapeutiques apparaissent continuellement, dont la diffusion alimente la croissance des dépenses de santé. Des études sur la France ont montré que le vieillissement n'a joué qu'un rôle marginal dans la hausse des dépenses, comparé à l'impact des innovations médicales.Mais ces dépenses apportent un bien-être considérable que l'on oublie trop souvent lorsque l'on pose la question du coût de la santé. En effet, des gains en longévité et en santé sont obtenus en contrepartie. Il faut mesurer la valeur de ces gains en bien-être pour savoir si l'on dépense trop ou pas assez pour notre santé. Pour les États-Unis, des chercheurs de l'université de Chicago ont calculé que les gains en santé et en longévité étaient tels, entre 1970 et 2000, qu'ils équivalaient à une valeur annuelle de 34 % du PIB, soit plus du double des dépenses de santé qui représentent 15 % du PIB dans ce pays. Un tel résultat suggère que dépenser encore plus pour la santé pourrait répondre aux préférences collectives. Avant de décider de réduire les dépenses de santé, il faut se poser la question des objectifs. Faut-il freiner l'évolution de ces dépenses si elles apportent un bien-être collectif additionnel aussi substantiel ? Que veut au juste la collectivité ? Pour réaliser de bons arbitrages, il faut tenir compte des préférences collectives, sans considérer les dépenses de santé uniquement comme un coût. V. S.brigitte DORMONT Professeur à l'université de Paris Dauphine.

latribune.fr

12 Nov 2009, 1:44

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