L'Allemagne est sortie à toute vitesse de la crise

Le visage de Roderich Egeler, le président de l'office fédéral allemand des statistiques, Destatis, était mercredi matin aussi rayonnant qu'il était fermé voici un an. Il est vrai que la situation a radicalement changé. L'an passé, il annonçait le recul du PIB le plus sévère depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (? 4,7 %, initialement annoncé à ? 5 %), alors que, cette fois, il pouvait présenter la plus forte croissance de l'histoire de l'Allemagne réunifiée : + 3,6 %. « Ce résultat nous a nous-mêmes aussi surpris », a avoué le statisticien. Si elle ne permet pas de retrouver le niveau de PIB de 2008 (il manque 1,3 % pour cela), la performance n'en est pas moins remarquable. Le rythme de croissance de la République fédérale est plus de deux fois supérieur à la moyenne de la zone euro prévu à + 1,7 % en 2010 par la Commission de Bruxelles et dans l'UE, seules la Suède et la Slovaquie peuvent se vanter de faire mieux. Ce regain de la croissance allemande s'explique avant tout par le redémarrage du commerce mondial qui avait causé la chute si sévère de la première économie européenne en 2009. Économistes confiants L'an passé, les exportations ont progressé de 14,2 %, du jamais- vu depuis la réunification, alors qu'elles avaient chuté de 14,3 % en 2009. Certes, les importations ont également connu une hausse record (+ 13 %), mais l'apport du commerce extérieur à la croissance est néanmoins de 1,1 point de PIB. Surtout, la reprise des commandes extérieures a relancé l'investissement qui a contribué pour moitié à la croissance 2010. Dernier point décisif : les dépenses de l'État ont continué de soutenir la croissance, apportant 0,4 point de PIB. Le déficit public de l'Allemagne (au sens de Maastricht) a d'ailleurs dépassé l'an passé la limite de 3 % du PIB, à 3,5 %, pour la première fois depuis cinq ans. La plupart des économistes tablent cependant sur un retour sous le seuil autorisé dès cette année. Malgré son rebond, la consommation des ménages est donc encore un facteur secondaire de la croissance allemande. Sur un an, elle progresse de 0,5 % à prix constants mais elle n'apporte que 0,3 point de croissance, ce qui reste faible. Le taux d'épargne des Allemands s'est d'ailleurs redressé de 0,3 point à 11,4 % du revenu disponible. 2010 n'a donc pas été une année de révolution pour l'économie allemande : la consommation reste à la traîne et l'industrie mène encore la danse. Le vrai tournant attendra donc cette année où la consommation des ménages pourrait prendre le relais des exportations, dont l'expansion doit se ralentir. La prévision actuelle d'une croissance 2011 de 2,5 % est très optimiste.
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