Faut-il craindre un krach obligataire ?

Krach obligataire ou simple correction ? Si la fin de 2008 et le début de 2009 avaient été favorables aux valeurs refuge que sont les emprunts d'État, il semble acquis que l'amélioration de la conjoncture économique va peser cette année sur les marchés obligataires souverains. La plupart des observateurs privilégient en effet aujourd'hui le scénario d'un repli des cours et, phénomène corollaire, une remontée des taux d'intérêts long terme. Selon les dernières prévisions de la société de gestion Stelphia, les taux allemands à 10 ans pourraient ainsi passer dès la fin du mois de mars à 3,35 %, contre 3,17 % vendredi. D'après Franklin Templeton Investments, les taux américains à 10 ans devraient atteindre en moyenne 4,11 % en 2010, contre 3,74 % vendredi. Dexia table, de son côté, sur des taux à 10 ans américains et allemands de respectivement 4,50 % et 3,80 % à la fin de l'année.Le précédent de 1994Mais nombre d'incertitudes subsistent, à commencer par le calendrier de relèvement des taux directeurs des banques centrales. Le précédent de 1994 est encore vivace dans les mémoires : cette année-là, le rendement des obligations d'État américaines à 10 ans était passé de 5,5 % à plus de 8 % à la suite de pressions inflationnistes et de la remontée rapide des taux décidée par le patron de la Fed, Alan Greenspan. La Banque centrale américaine avait pris les marchés par surprise en relevant une première fois son taux directeur de 3 % à 3,25 % le 21 mars. Pour l'instant, la fragilité de la reprise et les surcapacités de production semblent exclure un tel scénario. Mais récemment, des statistiques d'inflation chinoises supérieures aux attentes ont ravivé les craintes d'un mouvement anticipé. « Cette résurgence de l'inflation en Chine fait craindre un resserrement monétaire qui pourrait peser sur la croissance mondiale et notamment sur les exportations américaines », soulignent les analystes de Natixis.Mur d'émissions en 2010L'autre inconnue concerne la capacité d'absorption des investisseurs, confrontés à un véritable mur d'émissions de dette en 2010. Les États-Unis devraient ainsi placer environ 2.200 milliards de dollars de dettes nouvelles cette année, contre plus de 1.450 milliards d'euros pour les pays européens. L'impact exact de ces émissions record divise les spécialistes. Stelphia note ainsi « la masse encore considérable de liquidités en circulation sur les marchés », qui devrait contribuer à équilibrer l'offre et la demande. Ces montants colossaux posent néanmoins la question du « risque pays », comme l'a montré la crise grecque. Avec l'envolée de ses taux à 10 ans de 4,5 % mi-octobre à plus de 7 % fin janvier, le pays a connu un véritable « krach obligataire » qui pourrait préfigurer les difficultés à venir pour la ou les prochaines cibles des marchés. Et la liste des proies potentielles en difficulté sur le budgétaire est longue : les PIGS (Portugal, Italie, Grèce, Espagne), le Royaume-Uni, les États-Unis, et dans une moindre mesure la France et le Japon.
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