La fin de la TV publique grecque, symbole de la gestion ubuesque de la crise

Faute d\'avoir trouvé une solution, il fallait trancher. Engagée auprès de la troïka à supprimer 2.000 postes de fonctionnaires d\'ici à la fin juin, Athènes n\'avait pas de plan pour entrer dans les clous. La décision de couper les chaînes de télévision et de radio publiques a donc été prise à la hâte, mettant sur le carreau 2.700 employés sans préavis. Le porte-parole du gouvernement grec, Simos Kedikoglou, a justifié cette fermeture brutale par \"un cas d\'absence exceptionnel de transparence et de dépenses incroyables\".\"Le paradis du gaspillage\"... grâce aux politiquesSelon le porte-parole du gouvernement, ancien journaliste d\'ERT, le groupe de télévision publique était \"un paradis du gaspillage\". Ce que concède une journaliste grecque selon laquelle \"il y avait un vrai problème à ERT, une restructuration était nécessaire\". Mais selon elle, le gouvernement pointe la corruption dans l\'institution comme si elle lui était étrangère. \"Durant trois décennies, les politiciens y ont fait embaucher leurs proches\", s\'insurge-t-elle. Le conseil d\'administration, dont le gouvernement fait partie, aurait en effet pour habitude d\'embaucher régulièrement des \"conseillers fantômes\" dont les salaires oscillent entre 2.500 et 4.000 euros par mois pour un montant total de 1 million d\'euros par an, alors que les employés avaient déjà subi une amputation de 35% de leurs salaires.\"ERT a vraiment besoin d\'amélioration et de restructuration, mais pas d\'une exécution, et cela doit se faire principalement par le dialogue, le consensus et le respect des normes démocratiques\", s\'offusque pour sa part George Pelios, président de l\'Université de médias et communication d\'Athènes.Fermer plutôt que restructurerLes rumeurs sur les véritables instigateurs de cette tentative de mise sous silence vont bon train depuis son annonce à Athènes mardi soir. Le PASOK, qui se dit opposé à cette fermeture bien que faisant partie de la coalition gouvernementale, dit que la troïka, présente en Grèce depuis lundi pour vérifier la bonne exécution du programme de consolidation budgétaire, ont pesé sur les dirigeants grecs pour accélérer la réduction du nombre de postes dans la fonction publique. D\'autres sources disent que les dirigeants des groupes de médias privés ont eux aussi fait pression sur Athènes pour faire taire la chaîne publique.Mardi soir, juste avant l\'interruption des programmes, c\'est donc la police qui est venue couper les émetteurs des chaînes de télévision et de radio de l\'ERT, dont les locaux étaient cernés par des milliers de manifestants venus protester contre une décision qu\'ils jugent arbitraire. Selon le gouvernement, ce coup de balai doit permettre de repartir sur des bonnes bases en créant un nouvel organisme audiovisuel pour remplacer l\'ERT. Mais George Pelios craint que cela ne soit aussi un moyen pour les dirigeants grecs de prendre le contrôle sur la ligne éditoriale des trois chaînes du groupe.ERT continue d\'émettre sans licence... comme tout le mondeDepuis l\'arrêt des émetteurs, l\'ERT continue toutefois d\'émettre sur internet et via le canal de diffusion de la chaîne du parti communiste grec, malgré l\'absence de licence. Le groupe audiovisuel était d\'ailleurs le seul média à exercer sous licence. Les télévisions privées ne payant jamais leur licence pour être autorisées à diffuser. George Pelios parle d\'un manque à gagner de 500 millions d\'euros pour l\'État grec.Les centrales syndicales du privé et du public, GSEE et Adedy, ont appelé à une grève générale de 24 heures jeudi et à un rassemblement devant le siège d\'ERT à pour protester contre la décision du gouvernement. Le syndicat des journalistes grecs, qui observe déjà une Grève, a indiqué la poursuite de son mouvement jeudi tandis que les marins ont également décidé d\'y participer. Quelque soit son opportunité, cette nouvelle décision du gouvernement grec risque de remettre le feu aux poudres dans un pays à fleur de peau depuis la mise en place de plans d\'austérité successifs ces dernières années.
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