Alors que la Chine commence tout juste à enrayer la flambée des prix de l'immobilier (lire l'enquête), à Taïwan, les autorités estiment en être encore loin. « Nous avons reçu un nombre important de courriers de citoyens qui se plaignent d'un phénomène qui a pris de l'importance au cours des deux derniers mois, à savoir l'achat puis la revente dans la foulée à un prix nettement plus élevé d'un très grand nombre de résidences », écrit Perng Fai-Nan, le gouverneur de la Banque centrale dans une lettre qu'il vient d'adresser au responsable des établissements financiers. L'Institut monétaire n'en est pas à sa première tentative dans la lutte contre la spéculation. Le 24 juin, il a édicté de nouvelles règles visant à limiter les crédits qui alimentent la surchauffe à Taipei et dans dix banlieues alentours. Avec, au programme, le durcissement des conditions de prêt pour l'achat d'une résidence secondaire, et l'interdiction de nouveaux crédits destinés à la rénovation. La hausse record (la plus élevée en dix ans) de près de 20 % l'an dernier dans la capitale pourrait être ramenée à 10 % cette année après avoir atteint 4,8 % au premier trimestre. Mais les autorités soulignent que certaines banques contournent encore impunément la législation. « Les candidats aux crédits devront fournir davantage de garanties et les banques vont devoir se montrer plus scrupuleuses à l'égard des emprunteurs douteux », indique Bruce Yang, un porte-parole de la banque centrale. Croissance à 8 %L'Institut monétaire a également relevé de 12,5 points de base son taux d'escompte, à 1,375 %, alors qu'il évoluait à un plus bas record de 1,25 % depuis mars 2009. « La hausse des taux risque cependant de n'avoir qu'un faible impact sur les prix, estime un courtier local, « l'économie taiwanaise se porte bien, et elle attire de toutes façons les investisseurs qui ont du cash à investir ». La croissance économique pourrait atteindre au moins 8 % cette année, selon le gouvernement, et non plus 6,14 % comme il l'anticipait en mai. Les marchés en profitent aussi. La Bourse gagne 4,23 % depuis le début du trimestre. La devise, elle, flirte avec ses plus hauts niveaux depuis juin face au billet vert. De quoi relancer la spéculation autour d'une nouvelle intervention de la Banque centrale. M. B.

latribune.fr

12 Juill 2010, 23:25

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