L'Atelier de l'Argoat vise l'autonomie énergétique

A priori, l'idée peut sembler farfelue. D'ailleurs, Joël Tingaud avoue s'être demandé, ces dernières années, s'il n'était pas un peu tombé sur la tête. Et pourtant. PDG de l'Atelier de l'Argoat, entreprise bretonne spécialisée dans la fabrication artisanale de l'andouille, l'homme a su mener à bien son projet : utiliser les graisses issues de sa production pour les transformer en biocombustible. Cela lui a valu d'être distingué ce printemps par le prix de l'Ambition de la région Grand Ouest (catégorie Développement durable), concours organisé par la Banque Palatine en partenariat avec « La Tribune ».« L'idée de départ partait d'un constat simple, argumente Joël Tingaud. Quelques mois après mon arrivée [il a repris l'entreprise en août 2004, Ndlr], je me suis aperçu que nos déchets étaient très, voire trop importants. Ce qui représente un coût à la fois financier et environnemental. La question était alors de savoir comment, sans dénaturer nos produits, faire de ces déchets des coproduits. » L'Atelier de l'Argoat s'inscrit dès lors dans une dynamique de recherche et Joël Tingaud se rapproche de ses nombreuses relations tissées au fil de ses vingt années passées dans la restauration hors domicile. « La qualité a toujours été au coeur de mes préoccupations. Avec elle sont nées les questions de développement durable. C'est donc naturellement que j'ai participé à la création du cluster West, à Nantes, sur le bien manger durable et la valorisation de la biomasse, assure le PDG. Durant cette période, j'ai aussi eu la chance d'avoir un ami qui m'a parlé de la transformation possible de l'huile animale en biocombus- tible. L'idée s'est alors précisée. »380.000 euros investisAprès trois ans de mises au point et de validations, 380.000 euros sont investis avec le soutien des banques, d'Oséo, de l'Agence de l'eau, de la région et du département. Une somme pour l'entreprise qui, à l'époque où Joël Tingaud l'a reprise, enregistrait 450.000 euros de pertes cumulées sur huit mois et des fonds propres négatifs de 635.000 euros. Aujourd'hui, L'Atelier de L'Argoat, redevenu rentable, poursuit sa croissance avec un chiffre d'affaires de quelque 5 millions d'euros pour près de 70 salariés (39 en août 2004). Avec l'installation de sa nouvelle chaudière, il économise 70 % de sa consommation en gaz. « La vapeur d'eau dégagée par la chaudière nous sert en plus pour chauffer l'eau, que nous consommons en masse, complète Joël Tingaud. Grâce à cela, nous avons réduit notre consommation électrique de 25 %. » Les déchets, eux, sont passés de 300 tonnes à 100 tonnes annuelles. Joël Tingaud réfléchit déjà à une autre façon de valoriser ce reliquat et espère atteindre, avec son biocombustible, l'autonomie en énergie. L'Atelier passera cette année de 1.350 mètres carrés à 2000 mètres carrés. Le calcul est simple pour le PDG : « Si notre production augmente, notre énergie renouvelable aussi, et davantage que nos besoins. Cela devrait donc arriver assez vite. » n
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