Le Japon reste insensible à la hausse du yen

Le ministre des Finances du Japon Yoshihiko Noda a tenu en haleine pendant quelques heures les marchés financiers en organisant, jeudi soir à Tokyo, une conférence de presse impromptue sur les mouvements du yen. Les opérateurs attendaient une stratégie de lutte contre le yen fort. En réalité, il n'a pas dérogé à la langue de bois habituelle de son administration : « Nous surveillerons les conditions économiques avec attention et répondrons en conséquence », a-t-il simplement déclaré, se refusant à indiquer quelles mesures spéficiques le gouvernement pourrait prendre pour arrêter la spirale haussière dans laquelle la monnaie japonaise semble bloquée. Le yen est aujourd'hui à un plus-haut nominal de 15 ans face à la devise américaine. Malgré les atermoiements du gouvernement nippon, périodiquement repris par le Premier ministre Naoto Kan lui-même, selon l'économiste Richard Katz, la monnaie japonaise est en réalité à son niveau moyen si l'on prend en compte la période allant de 1986 à nos jours. « Pour comprendre la compétitivité du Japon, nous devons prendre en compte la valeur du yen vis-à-vis de tous les partenaires commerciaux du Japon, et nous devons aussi prendre en compte les variations des prix », estime-t-il. Pour lui, le yen est sorti d'une période où il était extraordinairement faible, niveau qui a d'ailleurs donné un incontestable coup de fouet de change aux exportations nippones.Won ultra-faibleReste que pour le Japon, qui continue de tirer l'essentiel de sa croissance de ses exportations, cette période « d'endaka » est perçue comme très douloureuse. Les industriels japonais doivent ferrailler, en particulier avec leurs concurrents sud-coréens, qui bénéficient encore d'un won ultra-faible. « À ce rythme, dans cinq ans, l'économie de Corée du Sud sera plus importante que celle du Japon », estime le consultant Gerhard Fasol, d'Eurotechnology. Le géant de l'automobile Toyota a déjà fait savoir que dans le contexte actuel, il perdait de l'argent chaque fois qu'il exportait une voiture de petite cylindrée assemblée au Japon. Au rythme où son concurrent principal, le sud-coréen Hyundai Motors, progresse dans le monde entier, on comprend l'inquiétude des autorités nippones.
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