L'euro à nouveau otage de la crise de la dette souveraine

L'euro est tombé, à la veille du week-end, à son plus bas niveau du mois de septembre face au dollar, à 1,2645. Au cours de la semaine écoulée, la monnaie unique avait enfoncé des records historiques de faiblesse face au franc suisse et au dollar australien et avait également tutoyé son point bas de neuf ans vis-à-vis du yen atteint le 24 août, à 105,45.Pour le Japon c'est carrément la double peine, car s'ajoute à sa flambée par rapport à l'euro sa hausse vis-à-vis du dollar, tombé mercredi à son plus faible cours depuis quinze ans, pour ne plus valoir que 83,52. Cette nouvelle « endaka » suscite une véritable panique au Japon. Bien que révisée en hausse à 0,4 % au deuxième trimestre, la croissance y reste très fragile et entièrement dépendante des exportations que la revalorisation ininterrompue de la monnaie nipponne ? elle a regagné 13 % face au dollar et 16 % face à l'euro depuis ses points bas de l'année - met en péril. On ne s'étonnera donc pas dans ces conditions de l'ire des responsables japonais envers la Chine (lire l'encadré ci-contre).secteur bancaire fragiliséQuelle est donc l'origine du retour de balancier sur l'euro ? Il tient à l'impression diffuse partagée par les acteurs des marchés que la crise de la dette souveraine de la zone euro est entrée dans une nouvelle phase. Après l'accalmie observée durant une partie de l'été, les inquiétudes qu'avait suscitées le creusement abyssal des déficits publics de certains états membres, à commencer par la Grèce, ont resurgi, avec un déplacement du centre de gravité. C'est désormais le secteur bancaire, gravement fragilisé dans certains pays, l'Irlande faisant cette fois figure de proue, qui a mis les opérateurs sur leur garde. Néanmoins, ces inquiétudes sont sans commune mesure avec celles qui avaient conduit à des scénarios apocalyptiques, notamment l'explosion de l'euro évoquée par les Cassandre qui étaient légion lorsque la faillite pure et simple menaçait la République hellénique. Jean-Claude Trichet s'est une nouvelle fois appliqué à déminer le terrain. Dans un entretien au « Financial Times » de vendredi, le président de la BCE, tout en suggérant que les états irrespectueux des règles du jeu de la zone euro puissent être temporairement privés de leurs droits de vote, a estimé que la résilience des Seize avait été sous-estimée. « Vu de l'intérieur je ne pense pas que la zone euro ait jamais été au bord du désastre », a-t-il affirmé. Tout en admettant qu' « il est difficile pour des observateurs extérieurs de juger et d'analyser correctement la capacité de l'Europe à résister à des difficultés exceptionnelles ».Il n'empêche, une majorité de stratèges prédisent une reprise de la dérive de l'euro. Les analystes chartistes le voient refluer à 1,22 dollar (il était tombé jusqu'à 1,1875 en juin) et 100 yens.
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