Après Jeff Koons, Xavier Veilhan et Takashi Murakami, c'est au tour de Bernar Venet de s'installer en 2011 dans les jardins du château de Versailles. Si Koons et Murakami sont deux vedettes du box-office, tel est moins le cas des deux sculpteurs hexagonaux. Mais à sa façon, Venet compte parmi les artistes français les plus cotés. Même si la barre ne se place pas au même niveau qu'un Koons, ses prix voguent de 30.000 à 300.000 euros. Quatrième du palmarès Artprice des artistes français les plus chers en 2009, Venet est davantage apprécié à l'étranger qu'en France. Sa plus forte enchère (722.500 dollars) a été décrochée en mars 2009 chez Sotheby's à Doha. Lors de la présentation de ses sculptures en 2008 sur le golf d'Isleworth en Floride, il a vendu des pièces à des amateurs du monde entier, sauf à un Français ! Le spécialiste de Sotheby's, Stephane Connery, rappelle qu'aux États-Unis Venet figure dans les plus grandes collections. Or la France a longtemps tourné le dos à l'artiste, qui expose sa collection jusqu'au 13 mars aux Abattoirs de Toulouse.Celui qu'on juge aujourd'hui trop commercial et répétitif fut pourtant l'un des conceptuels de la première heure. Son « Tas de charbon » de 1963 signe le geste le plus fort de sa carrière. Installé depuis 1967 à New York, à l'instar de son aîné Arman, Venet s'intègre très vite au cercle des conceptuels américains. Alors pourquoi ce déni national ? Sans doute parce que l'artiste de l'immatériel s'est mu à la fin des années 1970 en sculpteur moderniste aimant se colleter à la matière. Sa radicalité s'est d'autant plus estompée qu'il tend à décliner à l'infini quelques bonnes recettes, comme les « Doubles Lignes indéterminées ». Surtout, Venet a endossé la casaque de l'entrepreneur, gérant seul sa carrière malgré quelques compagnonnages avec les galeristes Daniel Templon et Jérôme de Noirmont. Adrien Grandet « Le Monde de Bernar Venet » au musée des Abattoirs de Toulouse, jusqu'au 13 mars. www.lesabattoirs.org

latribune.fr

12 Déc 2010, 23:24

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