Échec d'Abu Dhabi ? : Anne Lauvergeon contre-attaque

Fidèle à son goût pour la bataille, Anne Lauvergeon a choisi hier la contre-attaque en s'exprimant pour la première fois depuis que le contrat géant d'Abu Dhabi a échappé aux industriels français du nucléaire. « Il n'y avait pas de problème de taille de réacteur, ni de pilotage de l'offre », a-t-elle lancé devant la commission du Développement durable de l'Assemblée nationale. « Le seul problème, c'est que les Emiratis voulaient un seul contracteur, qui soit un électricien. Or, le président d'EDF a refusé de participer », a-t-elle expliqué. Et les autorités d'Abu Dhabi ont fini par exiger la présence d'EDF alors que Paris n'a octroyé à GDF Suez, associé d'Areva et de Total pour cet appel d'offres, qu'une participation minoritaire au futur EPR français de Penly.En coulisse, chez Areva, on espère que la mission confiée par l'Élysée à François Roussely sur le nucléaire français « à horizon 2030 » contribuera à clarifier les rôles. « Il faut que l'État décide quels sont les opérateurs nucléaires susceptibles de travailler à l'export. Et donne, le cas échéant, les moyens à GDF Suez d'assumer ce rôle. » Anne Lauvergeon, qui doit être entendue ce jeudi par l'ancien PDG d'EDF, s'est néanmoins efforcée de minimiser les enjeux de la question du partage des rôles.« la sureté a un coût »« 80 % des futurs réacteurs vont être construits dans des pays déjà dotés d'exploitants nucléaires. Dans ce cas, Areva sera en charge », déclare-t-elle. Le constructeur nucléaire n'a donc besoin de partenaires que pour 20 % du marché. Pour les pays novices, « il faut une organisation spéciale », explique la présidente du directoire d'Areva en déplorant l'insuffisance du rôle joué à Abu Dhabi par l'Autorité de sûreté nucléaire française et par l'agence France nucléaire international. Pour ces quelques « nouveaux » pays, « il faut en outre savoir quel électricien prend la tête et quel modèle on propose ». Et il faut s'y prendre à l'avance, glisse-t-elle.« La sûreté nucléaire a toujours eu un coût », a-t-elle poursuivi en réponse aux critiques sur le prix de l'EPR. Son associé à Abu Dhabi, Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, déclarait lui-même hier?: « L'EPR est une très belle machine, très sophistiquée. La question est de savoir si tous les pays sont prêts à payer pour cette sécurité. » « Se dirige-t-on vers un nucléaire à deux vitesses?? », rétorque indirectement Anne Lauvergeon en affirmant que le réacteur coréen retenu à Abu Dhabi ne répond pas aux normes européennes et américaines. Chez Areva, on fait même mine de s'interroger sur la possibilité de vendre à l'export des réacteurs de la génération précédente comme ceux dupliqués par le groupe actuellement en Chine. En espérant que l'État français s'oppose à cette éventualité et en plaidant pour une homogénéisation des normes de sûreté internationales. « Ne vaut-il pas mieux perdre un contrat que de perdre de l'argent pendant quinze ans », a conclu Anne Lauvergeon. Son rival coréen aurait accepté, en cas de dépassement de budget, de prendre à sa charge 6 milliards de dollars (sur un contrat de 20 milliards).Areva est déjà prêt à se relever et ne désespère pas de vendre de l'uranium enrichi pour faire tourner la future centrale d'Abu Dhabi. Un contrat estimé à 8 milliards d'euros sur 60 ans.
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