La Société Générale au pied du mur

Désormais, la question est posée. Après l'avertissement sur résultats de la Société Généralecute; Générale, mercredi, nombre d'observateurs s'interrogent sur le futur de la banque. L'établissement de La Défense donne sa réponse dans la dernière phrase de son communiqué, se disant « en position favorable ». En annonçant un impact négatif de 1,4 milliard d'euros de dépréciations sur les actifs à risque américains au quatrième trimestre et une baisse de ses revenus dans sa banque de financement et d'investissement, la banque prend soin de « confirmer la bonne tenue de l'activité des réseaux France et de la banque privée, et la résilience» de ses réseaux internationaux. Elle promet un résultat « légèrement bénéficiaire ».Les marchés ont bien voulu la croire (ils ont limité son recul en fin de séance à 2,86 %), même si certains analystes s'étonnent un peu « que l'on découvre en janvier 2010 qu'il soit nécessaire passer de nouvelles dépréciations ». Ils n'excluent pas le désir de la banque de faire définitivement le ménage au titre de l'exercice 2009, avant de se lancer dans un nouveau plan stratégique en 2010. Cela lui permettrait d'avoir un profil plus sain pour profiter d'une éventuelle reprise.Pourtant, cet avertissement sur résultats, quelques jours après l'annonce du regroupement des actifs toxiques de la banque (« La Tribune » du 8 janvier), entraîne des questions sur son modèle. Privée désormais des revenus de la gestion d'actifs, la banque, qui néanmoins en retirera du résultat, mise donc sur la banque de détail, ainsi que sur ses activités de financement et d'investissement. Or, celles-ci sont à la peine depuis trois ans (voir ci-contre). Et si la banque d'investissement, moteur de la croissance du groupe pendant des années, est encalminée, comment l'ensemble pourra-t-il se développer?Les effets de la crise (dépréciations) ont désormais des effets dévastateurs sur la comparaison entre établissements français : sur les neuf premiers mois de l'année, les revenus du groupe se sont accrus de 1,4 %, quand ceux du Crédit Agricolegricole ont augmenté de 18,4 % et ceux de BNP Paribas de 33,8 %. La comparaison avec cette dernière, historique rivale, est sans appel : l'établissement de la rue d'Antin devrait avoir un résultat net supérieur à 5 milliards d'euros en 2009, soit environ dix fois celui de la Générale, qui aura du mal à rémunérer ses actionnaires cette année, et à renforcer ses fonds propres. Même si l'on rappelle à La Défense qu'à l'issue de la récente augmentation de capital de 4,8 milliards d'euros, la banque se trouve « très bien capitalisée ».Mais un an et demie après l'arrivée de son nouveau patron, Frédéric Oudéa, qui a, depuis, constitué une nouvelle équipe de management, le marché attend autre chose. Il demande à la banque une « histoire », des perspectives, même s'il n'anticipe pas un projet « structurant ». Il lui faudra attendre jusqu'en juin pour connaître le nouveau plan stratégique Ambition 2015. La banque se défend, en assurant avoir déjà fait en 2009 des choses « fondamentales » pour son développement. Mais il lui faudra, cette année, convaincre de la pertinence de ses choix, alors que 2010 s'annonce nettement moins heureuse pour les banques que 2009. Si le modèle de l'indépendance reste son dogme, elle devra s'appuyer sur des performances boursières améliorées ; sur un an, le cours de la Générale a pris 48 %, quand celui de BNP Paribas augmentait de? 75 % !
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