Lutte d'influence au Kremlin

RussieL'ancien chef d'État russe Vladimir Poutine a sa petite idée sur l'identité du prochain président de son pays. « En 2012, nous nous assoirons [avec Dmitri Medvedev, Ndlr], nous discuterons et nous prendrons une décision », a-t-il déclaré vendredi dernier. Vladimir Poutine s'est replié au poste de chef du gouvernement l'année dernière, forcé par la Constitution russe qui interdit plus de deux mandats consécutifs. Son loyal successeur Dmitri Medvedev n'aura peut-être droit qu'à un seul mandat, car, de l'avis d'une large majorité d'observateurs, le véritable homme fort du pays se languit de son trône. La déclaration de Vladimir Poutine intervient au lendemain de la publication par Dmitri Medvedev d'un article où il critiquait sévèrement le bilan de son prédécesseur et mentor. Après une énumération des maux qui frappent la Russie (corruption, vols, paresse, alcoolisme, faiblesse de la démocratie et de l'État), il conclut : « Cela prouve que nous n'avons pas fait tout le nécessaire dans les années précédentes. Ou qu'il y a beaucoup de choses que nous n'avons pas faites comme il le fallait. » Toutefois, il serait prématuré d'annoncer une guerre entre le président et son Premier ministre, car Dmitri Medvedev est très loin d'avoir des troupes et un soutien populaire comparables à ceux de Vladimir Poutine. pouvoir réel Personne, en Russie, ne doute qu'au sommet de la « verticale du pouvoir » bâtie par Poutine au cours de ses huit années de présidence, c'est bien ce dernier qui trône. Le Kremlin soigne avec un succès certain l'image d'un pouvoir monolithique et du fonctionnement sans anicroche du tandem Poutine-Medvedev. En dépit de quelques déclarations ici ou là, aucun schisme n'est perceptible au sein de l'appareil d'État. « En Russie, les mots ne pèsent presque rien, soupire un diplomate européen. Ce qui compte, c'est le pouvoir réel. Et celui-ci ne change pas de mains. » En réalité, des clans se disputent les zones d'influence dans le pays autour d'intérêts économiques et d'affinités personnelles. Mais, jusqu'ici, le Kremlin a su arbitrer discrètement et faire mentir les nombreux experts qui prédisaient une explosion rapide du tandem après l'arrivée sur le trône de Dmitri Medvedev, explosion selon eux inévitable en raison du déséquilibre constitutionnel des pouvoirs très important entre le Président et son Premier ministre, à la faveur du premier. Il reste désormais moins de trois ans à Dmitri Medvedev pour se rebeller contre son mentor. Emmanuel Grynszpan, à Moscou
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