à l'orée des années 1990, certaines institutions bancaires o...

Banques : l'esprit pionnier, plus le flairHSBC, Société Généralecute; Générale, LaSalle Bank of Chicago (désormais Bank of America), Deutsche Bank, Pictet, Neuflize OBC? Pas une banque digne de ce nom qui ne s'intéresse aujourd'hui à la photographie. Les unes collectionnent, les autres donnent des prix. Comme si toutes avaient compris, parfois dès l'aube des années 1990, l'importance que le médium allait prendre au sein de l'art contemporain dans les décennies à venir.Il est même des institutions qui ont dynamisé le mouvement. Telle la Caisse des dépôts et consignations (CDC) dont la collection exceptionnelle a participé au décloisonnement des différents genres en photographie. Ou encore, HSBC, qui a mis sur orbite certains artistes grâce à son prix pour la photographie. « La photo est un excellent vecteur de communication pour les métiers de la banque, explique Hervé Mikaeloff, hier chargé des arts plastiques à la CDC, aujourd'hui commissaire d'exposition et conseiller artistique. Elle permet de les humaniser. » Chantal Nedjib, directeur de la communication d'HSBC France, à l'origine de toute la politique photographique de la banque, poursuit : « La photographie témoigne du présent. C'est donc à nos yeux un bon moyen de montrer l'intérêt de l'entreprise pour son époque. Car une banque qui ne comprend pas son temps, peut avoir du mal à accompagner ses clients. » Projet culturelHSBC a d'ailleurs été l'une des pionnières en la matière en France en donnant carte blanche à des photographes comme Salgado, Riboud ou Depar­don dès 1987 pour illus­trer ses rapports annuels. Avant de créer le Prix HSBC pour la photographie, destiné à aider les jeunes talents. La CDC, elle, commence à acquérir des images un an plus tard, en 1988, et met ces photos à disposition de ses salariés pour leurs bureaux. Francis Lacloche, conservateur de la collection photographique de la CDC de 1990 à 2005, expliquait en 2006 à «?La Tribune?»?: « Nous avions surtout un véritable projet culturel. En acquérant ces ?uvres, nous aidions les jeunes artistes comme l'aurait fait un investisseur. » La Société Généralecute; Générale inaugure sa collection en 1995. « Nous voulions faire entrer l'art au c?ur de l'entreprise pour humaniser le cadre de vie des salariés et leur donner une fierté d'appartenance au groupe en partageant des valeurs communes comme la créativité et l'innovation », explique Angélique Aubert, la responsable du mécénat artistique de la Société Généralecute; Générale.Au début, pourtant, beaucoup en interne au sein des différentes institutions regardent l'initiative avec scepticisme. Mais peu à peu, tout le monde se prend au jeu. D'autant que les responsables des collections acquièrent de véritables trésors pour des sommes encore dérisoires. « Nous ne pouvions dépenser plus de 40.000 francs par photo, se souvient Hervé Mikaeloff. Ce qui ne nous a pas empêchés d'acheter Gusrky ou Struth. Leurs tirages valent aujourd'hui des centaines de milliers d'euros. » Le fait d'acheter des Depardon dès le début des années 1980 permet de donner une véritable valeur artistique à la photo documentaire. Anne Samson, directrice de la communication et du mécénat d'ABN-Amro en France (à qui appartient Neuflize OBC) entre 1988 et 2004, est l'une des premières à s'intéresser au travail de la Hollandaise Rineke Dijkstra désormais exposée dans les plus grands musées.En se passionnant ainsi pour le médium, ces institutions ont réellement participé au boom du 8e art mais aussi permis qu'il soit considéré comme une ?uvre à part entière. Reste la fragilité de ces démarches. Il peut arriver, comme à la CDC, qu'un nouveau PDG opte pour une autre forme de mécénat, mettant ainsi un terme à la collection. Beaubourg en a heureusement hérité. Tant mieux pour elle. Dommage pour la banque !Yasmine Youssi
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