« My Fair Lady » : on en redemande

Après « The Sound of Music » et « Show Boat », Jean-Luc Choplin, le patron du Théâtre du Châtelet, avait encore envie de mettre la comédie musicale à l'honneur. En programmant « My Fair Lady », il ne pouvait pas mieux choisir, tant cette oeuvre fait partie des musts du genre. Créée en 1956 à New York avec Julie Andrews et Rex Harrison dans les rôles principaux, elle n'a, depuis, cessé d'enchanter parents et enfants mais aussi les plus grands cinéastes, à commencer par George Cukor qui, grâce au sourire enchanteur d'Audrey Hepburn, allait contribuer à immortaliser, en 1964, ce conte de fées misogyne.Car, pour être misogyne, la trame de « My Fair Lady » l'est sans aucune vergogne. Il faut dire que ce morceau de bravoure a été adapté à partir d'un texte de George Bernard Shaw qui s'est toujours plu à se moquer de la gent féminine. Certes, pour mieux ridiculiser les défauts de la gent masculine. L'histoire se situe ici dans le coeur de Londres où un professeur de linguistique (Henry Higgins) est attiré par l'accent « cockney » d'une jeune marchande de violettes (Eliza Doolittle). Il parie alors avec un ami qu'il est capable de transformer cette jeune sauvageonne en une princesse au parler et aux manières parfaites. Eliza est partante pour tenter l'aventure. Qui, pouvait-il en être autrement, se terminera bien, même si, dès le début, Henry Higgins prévient tout le monde qu'il est très bien tout seul et que l'arrivée d'une femme dans sa vie ne ferait que compliquer ses douillettes habitudes. Même s'il harangue le public, un peu plus tard, en demandant pourquoi les femmes ne sont pas aussi bien que les hommes... Mais voilà, après avoir joué au docteur Mabuse et transformé cette ignare en parfaite femme du monde, il s'y attache tant qu'il ne supporte plus de la voir partir de chez lui. Les habitudes, sans doute, à défaut de l'amour dont il se défend vigoureusement. Et c'est là où cette comédie musicale est d'ailleurs si originale puisqu'elle ne se termine pas tout à fait comme on aurait pu le croire.« My Fair Lady », c'est aussi cette musique si entraînante et si raffinée de Frederick Loewe qui, loin d'affadir la théâtralité des échanges parlés, les accompagne parfaitement. Les chansons nous apparaissant comme un impératif aboutissement. Cette version donnée au Châtelet est un régal pour les yeux grâce à la très belle mise en scène de Robert Carsen, où les couleurs et les formes architecturales mêlent habilement les contrastes sociaux des différents personnages tout comme leur universalité. Mais aussi pour les oreilles grâce à l'excellente orchestration de Kevin Farrell. Les chanteurs nous séduisent tout autant. À commencer par le père d'Eliza (Donald Maxwell), parfait dans son rôle de père alcoolique aussi indigne que philosophe (on reconnaît bien là le mordant de Shaw). L'héroïne, campée par Sarah Gabriel, est tout aussi convaincante dans ses deux personnages, le premier, celui de la bête humaine sans réel pouvoir de communication étant sans doute le plus émouvant. Pascale Besses-Boumard « My Fair Lady » de Frederick Loewe, au Théâtre du Châtelet, jusqu'au 2 janvier. www.chatelet-theatre.com
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