Au Medef, Parisot compte ses sous et ses soutiens

Une campagne électorale ? Quelle campagne électorale ? À la direction du Medef, depuis septembre, la consigne est claire. Pas question d'ouvrir trop tôt la bataille autour du (ou de la) futur (e) président (e) alors que le mandat de Laurence Parisot vient à échéance à l'été 2010. De fait, si la « patronne des patrons » a déjà annoncé qu'elle souhaitait rester en fonction encore trois ans, aucun autre candidat n'est sorti du bois. Et les pressentis ? les noms de Geoffroy Roux de Bézieux, Denis Kessler ou Xavier Fontanet circulent avec insistance ? observent un silence prudent.Il n'empêche. Les grandes fédérations membres du Medef sont déjà entrées en campagne. Fortes de leur poids dans les recettes du Medef, elles profiteront de la présentation du budget 2010, ce lundi au conseil exécutif, pour se rappeler au bon souvenir de la « maison mère ». Sans aller aussi loin que l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), qui se pose ouvertement la question de son maintien au Medef (lire ci-dessous), nombreux sont les poids lourds à vouloir reposer la question de l'efficacité de l'avenue Bosquet. « Soit, et ce serait la stratégie intelligente, Laurence Parisot prend l'initiative de ce débat. Soit il aura lieu de façon plus sauvage et plus spontanée à l'occasion de la campagne électorale », souligne un membre du conseil exécutif. L'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) est décidée, elle aussi, à faire part de ses desiderata à l'issue de sa convention annuelle qui aura lieu en mars : « La campagne électorale est un moment opportun pour faire progresser ensemble le débat sur les missions, les valeurs et les plans d'action de l'organisation interprofessionnelle », souligne Jean-François Pilliard, le délégué général de l'UIMM.IndépendanceTout en réfutant toute velléité de quitter le Medef, l'UIMM a régulièrement montré au cours de ces derniers mois qu'elle pouvait exister par elle-même. Elle a, par exemple, organisé depuis l'été une réflexion sur la politique industrielle avec la Fédération de la chimie, ou signé, la première, un accord sur l'emploi en période de crise.Le débat sur l'efficacité du Medef prend une tournure d'autant plus passionnelle que la crise pèse lourdement sur les ressources des organisations patronales. En 2009, le Medef a accordé des réductions de cotisation aux 23 fédérations les plus fragilisées (sur 75), allant jusqu'à ? 30 % pour le textile. Les prochaines négociations seront d'autant plus dures que les contributions 2010 sont calculées sur l'activité de 2008, entraînant un effet de ciseaux redoutable. « Le Medef a une ardente obligation de rehausser la qualité des services rendus à un moment où les cotisations apparaissent comme lourdes à porter », souligne le président d'une fédération. L'UIMM a, elle aussi, ouvert des discussions avec le Medef sur ses cotisations. Pas tant pour obtenir une ristourne que pour s'assurer que sa place dans la gouvernance du Medef sera à la hauteur des 2,5 millions versés en 2009. Et l'UIMM ne sera pas la seule à considérer ce rappel utile à quelques mois de la remise en jeu du mandat de la « patronne des patrons ».
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