Le dispositif « formation pendant le chômage partiel » a échoué en 2009

Profiter des périodes de chômage partiel pour former ses salariés et accroître leurs compétences. Fin 2008-début 2009, au moment où la crise bat son plein, la solution paraît idéale pour passer la phase de creux. Un an après, force est de constater que la greffe n'a pas pris.Il y a quelques jours, le conseil régional d'Alsace, collectivité locale pilote sur ce dispositif, a dressé un bilan mitigé de son expérience. Depuis le printemps, seules 20 entreprises, sur un total de 600 concernées dans la région, ont sollicité une aide pour quelque 2.000 salariés. Conséquence, à peine un peu plus d'un tiers de l'enveloppe prévue ? soit 365.000 euros sur 1 million envisagé ? a été dépensé. « Ce n'est pas assez. La possibilité n'est pas utilisée à la hauteur de ce qu'elle devrait être », a souligné André Reichardt, le président UMP de la région, qui a, malgré tout, décidé de proroger la mesure en 2010.L'exemple alsacien est révélateur des ratés du dispositif dans l'ensemble des régions hexagonales. Dans un bilan dressé en novembre dans le cadre du suivi du Fonds d'investissement social (Fiso), le gouvernement avait indiqué que, sur un budget total de 54 millions d'euros dédié à la formation des salariés en activité partielle, seuls 22 millions avaient été dépensés à la fin du mois d'octobre.Pourtant, dans le cadre de l'activité partielle de longue durée (APLD), les entreprises ont été encouragées à envoyer leurs salariés en formation. Pour obtenir un cofinancement de l'État et de l'Unedic afin que les salariés perçoivent 75 % de leur salaire brut antérieur, les employeurs avaient l'obligation de « proposer un entretien individuel sur les actions de formation et de bilan susceptibles d'être engagées pendant la période d'APLD ». formations qualifiantesUne contrainte insuffisante aux yeux de Gabrielle Simon, en charge des questions d'emploi à la CFTC : « Les entreprises ont estimé qu'elles répondaient à l'exigence en donnant un simple rendez-vous au salarié. Notre objectif était qu'elles proposent des formations qualifiantes. Or, j'ai demandé sur ce point des chiffres au gouvernement à plusieurs reprises. Sans succès. »L'essor du dispositif a aussi été freiné par des difficultés techniques. Premier écueil, le délai de mise en ?uvre. « Les entreprises, qui n'envisageaient pas de recourir au chômage partiel sur une aussi longue période, ont sans doute tardé à s'emparer du dispositif. Or, ensuite, entre l'analyse du besoin et l'entrée en formation, il peut encore s'écouler de trois à quatre mois, ce qui pose un vrai souci technique », souligne Alain Lecanu, le représentant CFE-CGC à l'Unedic. Seconde difficulté, la conciliation du rythme du chômage partiel ? souvent très aléatoire ? avec celui d'une formation. Surtout dans une période où les entreprises n'ont pas de visibilité sur leur activité. « Les formations qualifiantes sont souvent longues. Que se passe-t-il lorsque l'employeur a une grosse commande ? Il laisse ses salariés en formation ou il l'interrompt ? » reprend Alain Lecanu.Dans les prochaines semaines, les partenaires sociaux veulent profiter de l'entrée en vigueur de la loi sur la formation et de son fonds destiné aux salariés les plus fragiles pour rendre le dispositif plus attractif pour les employeurs, par exemple en mettant l'accent sur des formations plus courtes. Même si, en 2010, la décrue du chômage partiel devrait rendre moins cruciale cette question? Agnès Laurent
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