Les géants du LBO chassent sur les terres des plus petits fonds

Les dinosaures du LBO (rachat avec un recours à l'emprunt) vont-ils faire de l'ombre à leurs confrères de plus petite taille ? La quasi-absence de dette sur leur marché de prédilection, celui des méga LBO (plusieurs milliards d'euros), pourrait en tout cas les contraindre à lorgner des entreprises de taille moyenne. Une cible qu'ils dédaignaient souvent avant la crise. Aux États-Unis, le sursaut provoqué en novembre dernier par le rachat d'IMS Health pour 5,2 milliards de dollars (3,47 milliards d'euros) par TPG et le Canadian Pension Plan n'a pas été suivi d'autres transactions de même taille. En Europe, la reprise tarde également à venir. Le processus de cession de Kabel Deutschland (valorisée 5 milliards d'euros), auquel s'intéressent cinq fonds, aura valeur de test. Mais en attendant l'hirondelle qui annoncera le printemps, les gros acteurs du LBO sondent le marché des valeurs moyennes, où l'herbe est plus verte.de plus en plus pragmatiquesEn témoigne l'intérêt suscité par Sebia, une société de diagnostic médical détenue en majorité par Montagu, qui pourrait être vendue au cours de l'année. D'après nos informations, deux des plus grands fonds mondiaux, Blackstone et KKR, regardent ce dossier, valorisé autour de 800 millions d'euros. Aussi, en janvier, KKR a signé l'acquisition du distributeur britannique Pets at Home pour 955 millions de livres (1,01 milliard d'euros). Deux opérations bien loin de celles menées par ces deux acteurs avant la crise. En 2007, Blackstone avait racheté l'empire des immeubles de bureaux Equity Office pour 37 milliards de dollars, tandis que son confrère signait, en co-investissement, le plus gros LBO de l'histoire sur Energy Future Holdings (44 milliards de dollars). « Les fonds se montrent de plus en plus pragmatiques », estime Rémy Ossmann, vice-président du cabinet de conseil LEK à Paris. « Il est impératif pour eux d'investir leurs capitaux disponibles, quitte à élargir leur stratégie. »Toutefois, ce virage pose question, estime Bruno Deschamps, à la tête du britannique 3i en France : « Chaque segment de marché a ses spécificités. Les valeurs moyennes n'obéissent pas aux mêmes règles que les grandes entreprises. Ce ne sont ni les mêmes cultures ni les mêmes pratiques. » En d'autres termes, difficile de s'improviser spécialiste d'un autre marché du jour au lendemain. Certains, comme KKR, disposent déjà d'une certaine expérience dans ce type d'opération, mais pour beaucoup d'autres, le problème se posera.Autre interrogation : combien de temps les fonds aux moyens plus limités devront-ils supporter cette concurrence nouvelle ? « L'absence de grosses transactions est due au manque de dette. Or il est difficile d'imaginer, à moyen terme, que les financements reviendront à leur niveau d'avant-crise. » nStefen Schwarzman, patron d'un des plus grands fonds d'investissement du monde, Blackstone.
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