Microfis  : un outil de marché pour développer la microfinance

Selon la Banque mondiale, le marché de la microfinance est estimé à 10 milliards d'euros d'encours. Avec 6 à 7 milliards d'euros, l'Europe domine ce marché, le Luxembourg et la Hollande trustant respectivement 30 % et 15 % de parts de marché. La France arrive loin derrière avec 1 %, l'industrie de la gestion d'actifs française étant très peu présente sur ce segment. Cyrille Parant, cofondateur avec Stéphane Remus-Borel de Microfis, y voit trois raisons : « Aucune société de gestion, filiale de banque ou compagnie d'assurances françaises, n'a d'équipe dédiée à l'origination pour réaliser l'analyse financière et sociale des institutions de microfinance [IMF, Ndlr], car cela coûte cher et le retour sur investissement n'est pas garanti ; la microfinance est constituée de créances de droits internationaux qu'on ne peut que très difficilement mettre dans un OPCVM [organisme de placement collectif en valeurs mobilières, Ndlr] de droit français, car ce ne sont pas des valeurs mobilières. Ces créances n'étant de surcroît pas sécables, cela peut poser des problèmes de liquidités. » En France, la microfinance a de beaux jours devant elle, le plan d'épargne pour la retraite collectif (Perco) et le plan d'épargne retraite populaire (Perp) devant investir 10 % de leurs actifs dans des produits solidaires.professionnalisationMais comment promouvoir la microfinance en France ? « En la professionnalisant avec Microfis, plate-forme à destination des investisseurs institutionnels en microfinance internationale », répond Cyrille Parant. Cet outil de marché propose aux gérants d'externaliser le coût d'origination, de transformer les créances en obligations de droit français. « Il s'agit d'accorder à des IMF des lignes de crédit de 2 millions d'euros en moyenne, indique Cyrille Parant. Ces lignes de crédit seront transformées en obligations de droits français de 50.000 euros au minimum logées dans un FCT [fonds commun de titrisation] géré par Tikehau, chaque ligne correspondant à un compartiment du fonds. » C'est donc de la titrisation. Les obligations, d'une maturité moyenne de trois ans, verseront un coupon de 5 à 6 % et les premières devraient être disponibles fin juin.En attente de l'obtention de l'agrément du statut de PSI par la Banque de France (prestataire de services d'investissement), Microfis a comme partenaires techniques les cabinets Eurogroup, Gide et Mazars. Il démarrera son activité avec environ 3 millions d'euros de fonds propres détenus à 90 % par des actionnaires institutionnels qui en seront, pour la plupart d'entre eux, les principaux utilisateurs et s'engageront à investir 20 millions d'euros par an chacun dans des IMF. Mais l'ambition de Microfis est de devenir un outil de référence avec, pourquoi pas, le développement d'une Bourse en Europe sur ce type de produit.
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