Astrium et Arianespace se déchirent sur près de 100 millions d'euros

C'est une affaire qui pourrit l'ambiance entre les grands patrons d'un secteur spatial très à cran. Elle serait même remontée jusqu'à l'Élysée et Matignon la suivrait attentivement, assure-t-on à « La Tribune ». Sont en première ligne le PDG d'Astrium, François Auque, le PDG d'Arianespace, Jean-Yves Le Gall, ainsi que le président du Cnes, Yannick d'Escatha, en tant qu'arbitre. Soit le gratin du secteur.L'enjeu porte sur un différend financier, évalué à plus de 90 millions d'euros, entre Arianespace et la filiale spatiale d'EADS, Astrium, elle-même actionnaire (à 28,69 %) mais aussi fournisseur d'Arianespace, la société de commercialisation des lanceurs européens (Ariane 5, Soyouz et Vega), selon des sources concordantes. Et plus précisément sur une clause inscrite dans le contrat de fourniture de 30 lanceurs Ariane 5, dit « lot PA », signé en mai 2004 : Arianespace obtenait une ristourne de 93 millions sur le prix du lanceur si Astrium parvenait à produire 15 lanceurs entre 2008 et début 2010 pour assurer les lancements d'Arianespace. C'est le cas, assure-t-on chez Arianespace, mais « ils n'ont pas cru que nous arriverions à lancer à cadence 7 lanceurs en 2008 et 2009 ». Mais la filiale d'EADS ne veut pas payer. Au grand dam de la société de commercialisation des lanceurs.Chez Astrium, on estime tout simplement ne pas devoir cette réduction : « Il y a effectivement une clause dans le contrat du lot PA indiquant que si un certain nombre d'Ariane 5 est lancé dans un temps défini, Astrium réduit le prix sur la totalité des lanceurs. Ce n'est pas le cas. » déstabilisationParole contre parole. Les uns parlent de production, les autres de livraison. Les avocats sont prêts à en découdre. Ils attendent le feu vert du principal actionnaire d'Arianespace (32,53 %), le Cnes, qui lui attend l'accord des pouvoirs publics pour ferrailler contre Astrium. En coulisse, la filiale d'EADS fait pression sur le gouvernement pour tordre le bras au Cnes et Arianespace, qui attend cette somme pour équilibrer ses comptes de 2009. Car l'argent ne coule pas à flot dans l'espace et, surtout, la somme en question permet d'atteindre ou pas les objectifs financiers des deux groupes.Pour quel dénouement ? Certains spéculent déjà sur un compromis. Une chose est sûre, le conseil d'administration d'Arianespace arrêtera les comptes 2009 le 12 mars. EADS a, lui, prévu de publier ses résultats le 9 mars. Derrière ce différend, se cachent aussi des histoires d'hommes, qui se méfient les uns des autres et/ou ne s'apprécient pas forcément. Dans le cas présent, l'affaire peut déstabiliser Astrium, déjà fragilisé par la perte de contrats emblématiques (Galileo et Meteosat). Qui prendra le risque ? Ambiance. nLes uns parlent de production, les autres de livraison. Les avocats sont prêts à en découdre.
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