Malgré la crise, les universités développent les levées de fonds

Pratique courante dans les grandes écoles, le « fundraising » fait peu à peu son chemin dans les universités. La loi sur l'autonomie des universités (LRU) d'août 2007 leur permet en effet de créer soit une fondation universitaire (généraliste, sans personnalité morale ni mise de fonds minimale), soit une fondation partenariale (thématique, plus autonome et d'une durée limitée de cinq à huit ans). La 5e conférence organisée sur le sujet la semaine dernière à Paris par l'Association des fundraisers était l'occasion de faire le point. Depuis 2008, 22 fondations (14 universitaires et 8 partenariales) ont vu le jour et 31 sont en projet. Les projets financés vont de la mobilité des enseignants-chercheurs aux prix d'excellence, en passant par la création de start-up ou d'instituts à l'étranger. Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, 60 millions d'euros ont été levés. Mais ce chiffre inclut les 33 millions levés en 2008 par la fondation de la Toulouse School of Economics qui, elle, est une fondation de coopération scientifique (loi de 2006 sur la recherche, 23 créées à ce jour). Par conséquent, le calcul est vite fait. Les montants levés, pas toujours connus à ce jour, sont faibles (10.000 euros pour Tours, 300.000 euros pour La Rochelle...). Les dons aux universités les mieux loties ne dépassent guère 1 % de leur budget. La fondation de l'université d'Auvergne (Clermont I), la première créée, affiche 3 millions d'euros levés auprès de 30 partenaires (25 entreprises et 5 collectivités locales). « Mais nous visions 4 millions en juin 2009 et seulement 4 nouvelles entreprises nous ont rejoints en 2009 », nuance Philippe Dulbecco, le président de Clermont I. La crise est passée par là. S'« il n'y a pas de remise en cause des engagements, les signatures prévues en 2009 ont été reportées à 2010 », note Pierre Sagaut, vice-président de la fondation de l'université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC, Paris VI). Créée à l'été 2009 avec un objectif de 50 millions d'euros sur cinq ans, celle-ci doit signer des engagements « à plusieurs millions d'euros » la semaine prochaine. Outre la crise, la prospection est d'autant moins aisée que, faute d'expérience, ce sont souvent les présidents eux-mêmes qui mouillent leur chemise (alors que l'université de Stanford, aux États-Unis, emploie 300 personnes à cette fin). « Nous avons recruté une personne et nous étofferons ensuite », confie Yvon Berland, président d'Aix-Marseille II, dont la fondation, créée au printemps 2008, a levé 3 millions d'euros (auprès de Roche, Baxter mais aussi de l'OM) et vise les 4 millions d'ici à 2011. un travail de titanAutre faiblesse française, les donateurs particuliers ne sont pas légion. « Il n'y a pas en France de sentiment d'appartenance à l'universit頻, relève Yvon Berland. Les universités doivent donc effectuer un travail de titan pour constituer un réseau d'anciens puis les convaincre de donner. L'UPMC a aujourd'hui retrouvé 80.000 noms sur 200.000...Autre difficulté soulevée par Lionel Collet, le président de la conférence des présidents d'universités (CPU), trop de fondations tue les fondations. En effet, chaque université, pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres), réseau thématique, etc., s'en dotant, plusieurs fondations sollicitent les mêmes interlocuteurs, parfois pour les mêmes projets. Lionel Collet prône donc « un rapprochement et une recomposition des fondations ». L'entourage de Valérie Pécresse précise que les réflexions en cours dans le cadre du grand emprunt vont dans cette direction, puisque les campus d'excellence qui seront sélectionnés incitent à la rationalisation au niveau des Pres.
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