Ce que Chypre demande vraiment à Bruxelles en réclamant une assistance supplémentaire

Le président chypriote, Nicos Anastasiades, a provoqué l\'émoi vendredi en annonçant qu\'une lettre allait être envoyée à la Commission européenne pour réclamer une assistance supplémentaire. Ce alors que Nicosie avait assuré jeudi manquer encore de 5,5 milliards d\'euros pour éviter la banqueroute et que l\'Eurogroupe entérinait dans le même temps un plan de sauvetage de 10 milliards d\'euros censé être définitif.Pas d\'extension de l\'aide validée vendredi par l\'Eurogroupe\"Nous ne demandons pas d\'argent supplémentaire\", ont expliqué par la suite les autorités de l\'île pour tenter de faire taire les rumeurs selon lesquelles Chypre allait déjà demander une nouvelle extension de l\'aide trois semaines seulement après la fin des négociations avec les partenaires européens. \"Le programme de financement va jusqu\'à dix milliards d\'euros et tout le monde est d\'accord là-dessus, y compris Chypre\", assurait vendredi après-midi une source européenne. De fait, Chypre ne demande pas d\'argent supplémentaire. Ce que le pays souhaite, c\'est que Bruxelles paye plus rapidement des encours dus à l\'île dans le cadre des projets financés par les fonds structurels européens.Révision de l\'aide issue des fonds structrels européensEn clair, la Commission européenne finance des projets dans les pays de l\'Union européenne via des fonds structurels, mais c\'est aux États aidés d\'avancer l\'argent. Elle rembourse ensuite les sommes avancées soit à un terme défini, soit par tranches. Récupérer ces encours plus rapidement permettrait à Chypre de gagner un peu de trésorerie.Autre possibilité : \"bien que les fonds pour 2007-2013 soient presqu\'entièrement alloués à des projets spécifiques, il y a toujours une certaine marge de manœuvre comme par exemple la réallocation des fonds (un processus déjà en cours dans plusieurs pays, y compris à Chypre), mais cela nécessite d\'analyser les domaines où il est le plus utile d\'investir les fonds pour avoir le meilleur impact possible à court terme\", explique Shirin Wheeler, porte-parole pour la Politique régionale à la Commission.\"Vu la situation, Chypre a droit à ces mesures spéciales\", explique-t-on à la Commission. Mais à condition d\'envoyer une demande officielle par courrier. D\'où l\'annonce faite vendredi par le président chypriote. Sans doute le commissaire en charge des Affaires économiques, Olli Rehn, tendait-il la main en ce sens en assurant vendredi que Bruxelles se tenait \"aux côtés du peuple chypriote\" et s\'engageait \"à le soutenir\".Un montant difficile à évaluerCela permettra-t-il de combler une partie suffisante du trou de 5,5 milliards d\'euros dans les finances chypriotes ? \" Il y a effectivement beaucoup de projets en cours, mais à savoir si cela sera suffisant c\'est encore trop tôt pour le dire. Le chiffre n\'existe pas encore\", répond-on à Bruxelles. Pour verser ces sommes, la Commission doit vérifier la réalisation effective des projets par le gouvernement chypriote. De plus, \"certains projets n\'ont pas encore été payés par le gouvernement non plus\", précise Shirin Sheeler. Ce qui est à prendre en compte car Bruxelles paye sur facture. Le montant de ce que récupèrerait effectivement Chypre serait donc très probablement inférieur.Plusieurs directions générales sont concernées. Il faut attendre que les données en provenance de chaque service soient agrégées. \"La Commission est déjà en train de calculer. Mais pour le moment, le gouvernement chypriote n\'a pas encore fait de demande en ce sens\", ajoute une autre source à la Commission.D\'autres pistes seraient à l\'étudeD\'autres pistes pour trouver les 5,5 milliards d\'euros manquants, qui représente 40 % de son PIB. Chypre entend, selon les documents qui ont filtré dans la presse internationale, vendre une partie des réserves d’or à hauteur de 400 millions d’euros. Le gouvernement envisage également de renégocier le prêt de 2,5 milliards d’euros accordé en 2011 par la Russie au pays.L\'île espère aussi obtenir des ressources additionnelles significatives pour financer la croissance et la cohésion sociale\", a expliqué son porte-parole, Christos Stylianides. Elle cherche en particulier à obtenir des fonds dans le cadre du \"Multiannual Financial Framework 2014-2020\", mis en place pour soutenir les pays membres souffrant des sérieuses conséquences de la crise de l\'euro. Deux choses sont sûres : il n\'y aura pas de ponction supplémentaire des dépôts comme l\'a assuré Nicosie vendredi, et la troïka et les partenaires européens n\'entendent pas remettre au pot. Le marathon chypriote n\'est pas encore terminé.
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