Les pays émergents font affaire entre eux

L'ouverture à partir de ce jeudi du deuxième sommet des Bric (Brésil-Russie-Inde-Chine) tombe à un moment propice. « L'activité économique des pays émergents retrouve ses meilleurs niveaux », constate Stephen King, le chef économiste de HSBC. La publication, prévue ce jeudi, du PIB chinois au premier trimestre - on attend une progression de 11,9 % sur un an - devrait conforter cet optimisme. Avec des taux de croissance dynamiques attendus en 2010 - Chine (+ 9,7%), Inde (+ 7,7 %), Brésil (+ 5%), Russie (+ 8,3 %), selon Renaissance Capital -, ces pays sont de plus en plus tentés d'établir des relations privilégiées et de s'émanciper des économies avancées. « Notre objectif est d'établir une coopération fondée sur nos expériences réussies pour favoriser nos croissances. J'espère que ce type d'événement aura un impact important sur la coopération Sud-Sud », indique Rathin Roy, directeur d'un centre politique, IPC-IG, l'un des organisateurs du sommet de Brasilia.Cette nouvelle configuration répond à deux besoins. Le premier répond à la situation du monde développé. « Des années d'austérité attendent l'Amérique du Nord et l'Europe pour tenter d'obtenir de nouveau le contrôle de leur situation budgétaire fragilisée », souligne Stephen King. Autrement dit, les futurs géants du Sud doivent trouver de nouveaux débouchés pour leurs biens manufacturés, qui se trouvent être d'autres émergents. Déjà, les exportations de la Chine à destination de l'Amérique latine ont bondi de 27 % depuis 2000, selon la Commission économique pour l'Amérique latine des Nations unies (Cepal). À l'inverse, les importations ont augmenté de 26 %. Pour le continent sud-américain, la Chine pourrait supplanter l'Union européenne comme deuxième partenaire commercial dès 2014.course à la croissanceL'Asie et l'Amérique latine ont des intérêts communs quasi naturels, qui sont loin d'être comblés, comme l'atteste l'absence de ligne aérienne directe entre les deux continents. L'Extrême-Orient a un besoin vital de matières premières dont le sol sud-américain recèle. En retour, cette manne des produits de base permet aux pays de l'Amérique latine de se développer. Le continent, avec ses 500 millions d'habitants, représente en effet un débouché prometteur pour les Asiatiques et une opportunité d'investissement. En témoigne l'annonce faite ce mercredi par le pétrolier chinois Sinopec d'une prochaine prise de participation dans deux puits offshore brésiliens appartenant à Petrobras. Le deuxième besoin est celui de la course à la croissance, indispensable pour lutter contre la pauvreté. « C'est une nécessité et non un luxe », souligne le politologue Rathin Roy. Les forts taux de croissance affichés par les Bric cachent mal en effet le maintien de disparités sociales, susceptibles de remettre en cause leur modèle de développement.
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