Un an après la marée noire, BP tangue en Russie

Pour la direction de BP, c'était une assemblée générale cauchemardesque. Pendant des heures, les actionnaires de la compagnie pétrolière britannique sont revenus à la charge, accusant le conseil d'administration sur tous les fronts : la marée noire dans le Golfe du Mexique, un an après l'explosion de la plate-forme le 20 avril 2010 ; la rémunération des dirigeants ; l'exploitation écologiquement risquée du pétrole dans l'arctique canadien ; et enfin l'incertitude sur son accord avec Rosneft en Russie.Une poignée de pêcheurs du Golfe du Mexique, qui avaient fait le déplacement jusqu'au centre Excel dans l'est de Londres, ont été rejetés à l'entrée de la réunion. Mais cela n'a pas empêché les nombreuses accusations publiques, souvent très applaudies par la foule d'actionnaires.De tous les sujets, le plus sensible pour l'avenir de BP est celui sur la Russie. Après la marée noire, Bob Dudley, le nouveau directeur de BP, a misé la reconstruction de l'entreprise sur un méga-accord avec Rosneft, la compagnie pétrolière russe. Les deux entreprises vont explorer ensemble une zone arctique russe de 125.000 kilomètres carrés, représentant la taille et le potentiel de la mer du Nord au Royaume-Uni. Dans le même temps BP avait jusqu'à ce jeudi pour prendre 9 % du capital du russe qui lui devait mettre la main sur 5 % de BP. La date pour réaliser la transaction a été prorogée au 16 mai en raison des difficultés. BP était en effet déjà présent en Russie via une joint-venture, TNK-BP, dont les actionnaires russes s'estiment spoliés par le nouvel accord. Ils ont obtenu une injonction en justice, bloquant l'échange d'actions entre Rosneft et BP.Manque de crédibilité « Rosneft a fait savoir clairement qu'il cherchera un autre partenaire si BP ne peut pas signer », estime Andrew Neff, analyste à IHS. Il ajoute : « la crédibilité de BP en Russie est sévèrement compromise. » Bob Dudley se défendait ce jeudi. « Nous avons proposé [aux actionnaires russes de TNK-BP] de participer à l'exploration de l'arctique russe. Nous leur avons proposé du cash. Nous leur avons proposé de racheter leur participation dans TNK-BP. » En vain, souligne-t-il. Il précise qu'il refusera en revanche de leur accorder une participation directement dans BP.Cette controverse en Russie n'a cependant pas fait oublier la marée noire, qui a fondamentalement changé la compagnie pétrolière. BP a mis 41 milliards de dollars de côté pour y faire face, et annoncé la vente de 24 milliards de dollars d'actifs. L'entreprise veut aussi convaincre qu'elle a renforcé sa sécurité, en créant une nouvelle division de 500 employés qui supervise systématiquement tous les risques pris. Celle-ci a déjà ordonné la fermeture d'une plate-forme de production pour réparer les pompes à incendie, par exemple. Ces explications n'ont cependant guère convaincu les actionnaires dans la salle.
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