Retraites : controverse sur les projections publiées par le COR

En principe, le diagnostic doit être partagé. Lorsque Lionel Jospin a créé le Conseil d'orientation des retraites, en 2000, l'idée était de permettre la production de façon concertée de travaux d'étude, d'analyse et de projection. Le rapport 2010 du COR peine manifestement à coller à cet objectif. Rendu public mercredi, le document a aussitôt suscité une controverse : certains dénonçant une dramatisation de la situation financière des retraites, d'autres s'interrogeant sur la fiabilité des projections. Le rapport situe en effet le besoin de financement annuel du système de retraite à l'horizon 2050 dans une fourchette de 72 à 115 milliards d'euros.« Des Mesures structurelles »« Le gouvernement cherche à dramatiser pour imposer ses décisions » sur la réforme des retraites, a dénoncé Martine Aubry dans une tribune publiée mercredi par « Le Monde », redoutant que les travaux du COR ne soient « instrumentalisés » par le gouvernement. De fait, le gouvernement a souligné mercredi à quel point les projections du COR démontraient « l'urgence » de la réforme à mener. « L'état des lieux semble nous dire qu'il y a urgence à agir pour préserver, pour sauvegarder notre système de retraite. Ce n'est pas nous qui le disons », a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement. Dans la même veine, mais moins alarmiste, François Fillon a estimé que « la crise a aggravé le déficit, elle n'en est certainement pas la cause. C'est pourquoi nous avons besoin pour faire face au financement des retraites non pas de mesures conjoncturelles, ponctuelles, symboliques, mais de mesures qui soient des mesures structurelles ». Le Premier ministre, comme le ministre du Travail, ont assuré qu'ils aborderaient cette réforme « sans tabou ». Eric Woerth a répété que l'âge légal du départ à la retraite était « évidemment en débat ». Il a par ailleurs adressé un courrier aux chefs des dix principaux partis politiques, afin de les rencontrer inidivuellement d'ici la fin avril pour entendre leurs propositions. Côté syndicats, la CGT et Force ouvrière ont souligné le caractère « aléatoire » des projections à quarante ans du COR. Celui-ci « fait comme si on n'allait rien changer dans la répartition des richesses et de la fiscalit頻, explique le leader de FO Jean-Claude Mailly. Solidaires estime « qu'il n'est pas acceptable de considérer comme pérenne la baisse très importante de la part des salaires [dans la valeur ajoutée, ndlr] ayant eu lieu ces dernières années alors que, dans le même temps, la productivité du travail a continué de croître fortement et que les dividendes des actionnaires ont explos頻. A l'inverse, le Medef juge le rapport trop optimiste, tablant sur un très faible taux de chômage (lire « La Tribune » de mercredi).Devant la presse, le président du COR, Raphaël Hadas-Lebel, a répondu, en expliquant que les conclusions du rapport avaient été « unanimement » approuvées le matin par les membres du COR (il n'y a pas eu de vote), et en revendiquant le sérieux du travail accompli. Des simulations sur l'impact de telle ou telle mesure seront publiées « dans quelques semaines ». Cette fois, elles se présenteront sous la forme de documents de travail, ce qui permettra de se passer d'un consensus... de toute façon introuvable.
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