Sarkozy a t-il vraiment menacé de quitter l'euro ?

Les négociations qui ont permis d'entériner le mécanisme d'aide d'un montant de 110 milliards d'euros à la Grèce ne sont pas déroulées dans un climat serein. Si l'on en croit le quotidien madrilène El Pais, Nicolas Sarkozy a menacé de faire sortir la France de la zone euro pour contraindre Angela Merkel a accepté ce plan, qui a servi de préalable à le mise en place d'un dispositif d'aide d'un montant potentiel de 750 milliards d'euros permettant à tout pays de la zone en difficulté de pouvoir bénéficier de la solidarité des autres membres. "Engagement de tous"Le journal indique que ce serait le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, qui lors d'une réunion avec les responsables de son parti, le PSOE (socialiste), mercredi à Madrid, aurait confié que le président français aurait réclamé vendredi lors du somment des chefs d'Etat de la zone euro "un engagement de tous, pour que tout le monde aide la Grèce, chacun selon ses moyens, ou la France réexaminera sa situation dans l'euro." Un autre responsable souligne que Nicolas Sarkozy aurait "tapé du poing sur la table".Ces affirmations, qui ont été démenties à Madrid, comme à Berlin et à Paris, confirmerait l'aspect tendu des discussions. Le chancelier autrichien Werner Faymann s'était d'ailleurs ouvert peu après de réelles tensions entre le chef de l'Etat français et la chancelière. Néanmoins, selon le quotidien espagnol, José Luis Zapatero dramatiserait la situation du pays dans son propre parti pour faire accepter un train de mesures de rigueur dont la liste s'allonge quasiment chaque semaine. Dernières en date : baisses des salaires des fonctionnaires de 5%, suppression de la prime de 2.500 euros pour la naissance d'un enfant et gel de montant des retraites. L'Espagne fait en effet partie avec la Grèce, le Portugal et l'Irlande des maillons faibles de la zone euro. Le risque d'une dépréciation de l'euroA l'évidence, Berlin a montré de nombreuses réticences ces dernières semaines pour venir en aide à la Grèce, en raison d'une opposition farouche de l'opinion publique et d'une élection majeure pour la coalition de Angela Merkel dans le land de Rhénanie du nord-Westphalie, qu'elle a finalement perdu. Mais la pression des Etats-Unis, les chutes des indices boursiers à travers le monde et le risque de contagion qui menaçait l'euro, dont la dépréciation, en renchérissant le prix des matières premières, n'est pas une bonne nouvelle pour un pays qui reste le deuxième exportateur mondial, ont plus que tout contraint Berlin à devoir changer de position. Un Allemand pour remplacer TrichetPour autant, si la chancelière doit faire face à des tensions dans son pays, notamment en raison de la nécessité d'adopter elle aussi des mesures d'économie pour réduire le déficit public à moins de 3% du PIB en 2013, elle n'en reste pas moins en situation de force. Selon le "Handelsblatt" de jeudi, la succession de Jean-Claude Trichet aurait été entérinée, ce sera Axel Weber, l'actuel président de la Bundesbank. Par ailleurs, les mesures de contrôle préalable par la Commission européenne des projets de budgets nationaux avant leur discussion parlementaire vont dans le sens souhaité par Berlin d'un meilleur contrôle des dépenses des Etats. Sans compter le renforcement du pacte de stabilité par la possibilité de mettre à l'amende les pays qui ne le respecte pas est une idée qui vient d'outre-Rhin.
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