Sarkozy fait du rapport Stiglitz un acte politique

olitique économiqueC'est sous les ors du grand amphithéâtre de la Sorbonne qu'a été remis, hier, officiellement à Nicolas Sarkozy le rapport de la commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social. Dirigée par trois éminents économistes, deux Prix Nobel, l'Américain Joseph Stiglitz et l'Indien Amartya Sen, ainsi que le Français Jean-Paul Fitoussi, la commission, forte de 25 spécialistes internationaux, était chargée de fournir des pistes pour établir de nouveaux instruments permettant de mesurer, au-delà de la simple production de biens et de services, comme le fait le produit intérieur brut (PIB) (lire ci-contre), le bien-être des individus dans toutes ses dimensions : conditions de vie matérielles, santé, éducation, liens et rapports sociaux, environnement? 12 recommandationsLe rapport liste 12 recommandations, dont la philosophie n'est pas seulement de mesurer le « bien-être présent » mais aussi sa « soutenabilit頻, c'est-à-dire sa capacité à se maintenir dans le temps. Elle recommande, par exemple, de se pencher sur les revenus des ménages par catégorie sociale et non plus en moyenne, ce qui devrait permettre de mieux saisir l'impact réel de l'inflation. Elle incite à prendre davantage en compte les activités non marchandes, comme les travaux domestiques, le bénévolat, le bricolage, les loisirs, mais aussi l'accès à la santé, à l'éducation, le niveau de sécurité. Elle suggère, par le biais d'enquêtes de terrain, de demander aux individus une évaluation subjective de leur vie, de leur environnement, de leurs expériences, de leurs priorités. Elle met également l'accent sur la nécessité d'évaluer les inégalités non seulement entre personnes, mais aussi entre sexes, générations, ou encore celles inhérentes à l'immigration. Dans un monde à la démographie croissante, elle recommande d'avoir des indicateurs sur les ressources naturelles, le capital humain, social et physique.osbtaclesUne telle ambition de réforme du système de nos statistiques risque de se heurter à quelques obstacles pas seulement techniques. Dans son discours, Nicolas Sarkozy a qualifié le document d'« acte profondément politique », tant « la religion du chiffre » est ancrée dans les esprits. L'écart croissant entre le citoyen et l'expert sur leur perception respective de la réalité matérielle peut se révéler dangereux aux yeux du président, nombre de citoyens considérant les chiffres faux, voire manipulés. Mais la publication du rapport de la commission prend un relief particulier dans le contexte actuel. Depuis le début des travaux, en février 2008, l'économie mondiale est passée de l'optimisme lié à la croissance à la déprime, conséquence de la récession et de la hausse du chômage. « Le monde a changé, la mesure du monde a chang頻, justifie Nicolas Sarkozy, obligeant à « ouvrir une brèche dans les habitudes de pensée ». Le président veut défendre la mise en application des recommandations au niveau de l'Europe et du monde. Il a d'ores et déjà demandé à l'Insee d'intégrer ces nouveaux critères. Cela aura valeur de test grandeur nature. n
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.