T-Systems juge l'acquisition de concurrents vitale

« Si IBM décide de tuer T-Systems ou Capgemini ou bien encore Atos Origin, alors nous mourrons, c'est certain. » Pour Reinhard Clemens, président de la SSII (société de services et d'ingénierie informatiques) allemande T-Systems, le rapport de force entre les géants américains des services informatiques et leurs concurrents européens est totalement déséquilibré. À tel point que « la seule façon de survivre, pour les SSII européennes, réside dans une vague de concentration, afin d'atteindre une taille critique », a plaidé le patron de T-Systems, filiale de l'opérateur allemand de télécommunications Deutsche Telekom, à l'occasion de l'inauguration d'un centre d'innovation à Munich à laquelle des journalistes français ont été invités (lire encadré ci-contre). Rigueur budgétaireDe fait, les neuf premiers groupes américains cumulent 76 milliards de dollars de trésorerie, selon les analystes de CM-CIC, alors que le marché européen des SSII est très atomisé. De surcroît, les plans de rigueur budgétaire mis en place par plusieurs gouvernements fragilisent encore davantage leurs marges, les SSII européennes réalisant en moyenne un quart de leur chiffre d'affaires avec le secteur public. T-Systems n'attendra donc pas d'avoir un pied dans la tombe pour passer à l'attaque, sur le front des acquisitions : « Nous bougerons avant de nager en eaux troubles », a insisté Reinhard Clemens. Le dirigeant a même esquissé les contours d'une cible idéale, laquelle devra disposer « de compétences dans les secteurs de l'automobile, de l'énergie, de la santé ou des médias ».Un discours offensif quelque peu déconcertant, T-Systems n'étant pas dans une forme olympique. Début septembre, la SSII a annoncé un projet de suppression de quelque 300 postes en France, sur un effectif total de 1.585 personnes dans l'Hexagone (et de 47.500 dans le monde), en raison de la forte pression sur les prix des prestations informatiques. Mais, pour Reinhard Clemens, après l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, la restructuration de la filiale française représente l'une des dernières étapes de la remise sur les rails de T-Systems. « Nous n'avons plus besoin de nous restructurer, nous voulons poursuivre notre croissance », martèle le président de la SSII, laquelle a renoué avec les bénéfices depuis 2008 et a réalisé un chiffre d'affaires de 8,8 milliards d'euros en 2009, ce qui fait du groupe l'une des dix premières sociétés de services informatiques d'Europe de l'Ouest. Nouveaux marchésPour autant, dans la perspective de renforcer son assise sur le marché européen des technologies de l'information et de la communication, « T-Systems ne veut pas seulement procéder à des acquisitions », nuance Hagen Rickmann, directeur du centre d'innovation de la SSII à Munich. La croissance organique demeure à l'ordre du jour, en particulier dans le « cloud computing » (informatique à distance), un marché qui grimpe de 30 % par an en Europe, la santé et les réseaux intelligents (optimisation informatique de la distribution d'électricité). Ce domaine, encore appelé « smart grid », constitue également l'un des chevaux de bataille de la SSII française Atos Origin. Qui a plusieurs fois fait l'objet de rumeurs de rapprochement avec T-Systems, ces dernières années... Christine Lejoux, à Munich
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.