UBS reconnaît ses fautes dans la crise des subprimes

Rappelez-vous, c'était en 2008. Avec près de 20 milliards de francs suisses (15 milliards d'euros) de perte sur l'année 2007 et des dépréciations d'actifs de plus de 50 milliards, UBS était proche de sombrer. La banque n'avait dû son salut qu'à l'aide de l'État et de fonds souverains du Moyen-Orient et d'Asie. Les clients fuyaient alors en masse la banque, emportant avec eux les dizaines de milliards déposés dans les caisses de cette institution, dont la solidité et la croissance avaient fait la réputation. Jeudi, UBS a décidé de faire la lumière sur les causes de cette déroute. Présentant un document intitulé « Transparency Report », le président de la banque, Kaspar Villiger, a énuméré les manquements observés au sein de la banque pendant la crise. À commencer par la mauvaise gestion des risques. « Les incitations de l'époque du système de rémunération à générer du chiffre d'affaires sans prendre suffisamment en compte les risques ont [...] favorisé les pertes », reconnaît le groupe. Et d'affirmer : « Le total de bilan n'était soumis à aucune limite et il n'existait pas d'aperçu global du risque pour toute la banque. » La direction de la première banque suisse pointe également du doigt la confiance aveugle dans les « modèles statistiques et les notations des agences externes », sans « véritables remises en question ». constat sans appelAu moment d'aborder la question du marché des subprimes, auquel elle était fortement exposée, UBS affirme : « Malgré des mises en garde, la banque s'est à tort maintenue dans l'illusion que la valeur de ces produits financiers liés au marché immobilier américain était stable et qu'ils étaient suffisamment couverts contre d'éventuelles pertes. » Le constat est donc sans appel : UBS a failli dans l'application des règles élémentaires de contrôle des risques. Le groupe est également revenu sur le chapitre douloureux de l'affaire de fraude fiscale aux Etats-Unis, qui s'était achevé par la transmission au fisc américain de l'identité de 4.450 de ses clients. Décision alors considérée comme une entorse au secret bancaire. Sur cette question, la banque est plus nuancée. Elle reconnaît néanmoins son incapacité à mettre en oeuvre « un système efficace en matière de contrôle de la conformité aux règles en vigueur et de surveillance » et des « manquements » dans « la formation et l'instruction » des collaborateurs. Des dérives dont les anciens dirigeants de la banque, Marcel Ospel en tête, sont jugés comptables. Beaucoup réclamaient, dans la population suisse mais aussi dans les partis politiques, des poursuites en justice. UBS a décidé, pour sa part, de n'engager aucune action. Jeudi, elle justifiait sa décision par les chances de succès « plus qu'incertaines » d'une telle plainte et par « la publicité négative » qu'elle pourrait engendrer. Pourtant, au cours de son intervention, Kaspar Villiger a émis un jugement à peine voilé à destination de ses prédécesseurs, affirmant que l'objectif de la banque n'est « ni d'embellir les erreurs de gestion du passé, ni de délivrer les personnalités en question de leur responsabilité ».
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