Les banques américaines distribueront en 2009 des bonus record

La finance amnésique. Un an après la faillite de Lehman Brothers, les banques reviennent aux mégabonus. Selon le « Wall Street Journal » hier, les 23 premières banques américaines distribueront 140 milliards de dollars de rémunérations au titre de l'année 2009. Un record. Ce montant est déjà en hausse de 20 % par rapport à 2008, « annus horribilis » de la crise. Mais il est surtout supérieur à celui de 2007 qui était jusqu'ici l'année la plus riche pour les banques. Moins d'un mois après le G20 historique de Pittsburgh qui devait marquer un appel à la modération, ce chiffre de 140 milliards de dollars sonne finalement le retour de la « finance folle ». Depuis que les banques américaines ont remboursé les aides publiques au mois de juin, elles sont libérées des contraintes sur les bonus, même si elles restent surveillées par le « tsar des rémunérations ». Dans le même temps, les banques américaines ont publié des résultats record, profitant de la concentration du secteur depuis la crise.des écarts importantsCette semaine, elles publient leurs résultats trimestriels qui s'annoncent encore très bons comme le montrent ceux de JP Morgan (lire ci-dessus). Goldman Sachs, qui publie les siens aujourd'hui, pourrait enregistrer un bénéfice de 2,4 milliards de dollars après 2,7 milliards au deuxième trimestre. Les provisions pour rémunérations pourraient logiquement atteindre 6,5 milliards de dollars, comme au deuxième trimestre. Les analystes prévoient que la « reine de Wall Street » distribuera 22 milliards de dollars de salaires et bonus à ses banquiers et traders au titre de l'année 2009. Ce montant dépasserait ainsi le niveau record de 2007 qui s'était établi à 20 milliards de dollars.Et Goldman Sachs n'est pas une exception. Le retour des bonus élevés se confirme chez JP Morgan qui a provisionné au troisième trimestre 7,3 milliards de dollars pour payer les rémunérations des salariés de la banque dont 2,77 milliards de dollars pour ceux de la banque d'investissement. Depuis le début de l'année, cette division a mis de côté 8,78 milliards de dollars pour les émoluments des banquiers et traders, soit un peu plus que les 8,45 milliards de dollars de bénéfices de JP Morgan. Dans la banque d'investissement et la gestion d'actifs, la part des rémunérations atteint environ 40 % des revenus nets de l'activité contre seulement 10 % à 20 % dans les métiers de banque de détail. Pour la banque d'investissement, ce taux de distribution peut s'expliquer par le fait qu'elle a réalisé 5 des 8,45 milliards de dollars de bénéfices de la banque depuis le début de l'année. En revanche, la gestion d'actifs a généré « seulement » 1 milliard de dollars sur les neufs premiers mois 2009. L'écart des taux de distribution des rémunérations s'explique en réalité davantage par les différences de retour sur capitaux investis. Ceux de la banque d'investissement et de la gestion d'actifs atteignent 20 % depuis début 2009 contre 3 % pour les activités de détail. Matthieu Pechberty
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