Silvio Berlusconi sauve son gouvernement avec une courte majorité instable

Pour trois voix d'écart, le Cavaliere n'a pas été désarçonné. Au terme d'un vote de défiance déposé notamment à l'initiative du président de la Chambre des députés et ancien allié Gianfranco Fini, Silvio Berlusconi est parvenu à éloigner le spectre d'une démission en obtenant 314 voix contre 311 et deux abstentions. Alors qu'autour du Parlement des milliers de manifestants (chômeurs, étudiants, ouvriers) protestaient violemment contre la politique d'austérité du gouvernement, le président du Conseil a réussi in extremis à rallier quelques députés de Futur et Liberté, le nouveau parti de Gianfranco Fini, et même quelques élus venus de l'opposition suscitant au passage des soupçons de corruption. Jusqu'au bout le président de la Chambre des députés avait proclamé que Silvio Berlusconi serait mis en minorité. C'est une défaite sévère pour celui qui n'a cessé depuis des mois, au nom d'une droite moderne et européenne, de marquer sa différence au point de se retrouver aujourd'hui dans l'opposition.« C'est une victoire à la Pyrrhus » estimaient à l'issue du scrutin les proches de Gianfranco Fini. Avec une poignée de voix de majorité à la Chambre des députés, le chef du gouvernement n'a en effet que peu de marge de manoeuvre. Dans les prochains jours, il va ainsi tenter d'élargir sa majorité aux centristes. Mais ses alliés de la Ligue du Nord écartent cette hypothèse et réclament un retour aux urnes. Dans ce contexte, le rôle du chef de l'État Giorgio Napolitano -le seul en mesure de dissoudre le Parlement - sera déterminant.IrresponsablesCelui-ci a en tout cas fait publiquement savoir qu'il était très attentif à la situation économique du pays qui, avec un endettement voisin de 120 % du PIB, pourrait un jour être en ligne de mire des spéculateurs. « Dans cette situation économique, Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini ont été des irresponsables à ne pas trouver un accord pour gouverner » juge le sociologue Luca Ricolfi. Même si pour l'heure, l'instabilité politique italienne n'a pas eu de grosses répercussions sur les marchés. « Les emprunts obligataires italiens ne bougent pas beaucoup » explique un expert à Francfort. « On peut imaginer qu'indirectement la Banque centrale européenne (BCE) a légèrement soutenu les titres italiens mais au-delà Rome ne constitue pas pour l'instant un problème. Pour cela, il y a aujourd'hui d'autres candidats comme le Portugal » précise-t-il.Robert Lavéran, à Rome
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