Sanofi remplace le patron de la recherche et développement sur fond de tensions

Au lendemain du premier round manqué de son OPA sur Genzyme, le directeur général de Sanofi-Aventis Chris Viehbacher continue d'imprimer sa marque au sein du laboratoire. L'actuel patron de la recherche et développement (R&D) Marc Cluzel sera remplacé le 1er janvier par Elias Zerhouni, qui s'occupera de la recherche pharmaceutique ainsi que celle des vaccins de Sanofi-Pasteur, jusqu'ici indépendante. « C'est une évolution logique de notre réorganisation. Elias Zerhouni est une pointure dans son domaine », se borne à indiquer un porte-parole de Sanofi. L'homme, qui a fait toute sa carrière aux États-Unis, dispose d'une connaissance scientifique approfondie doublée d'un réseau unique. Il a dirigé les National Institutes of Health (organismes de recherche académique américains) avant de produire en France un rapport iconoclaste sur la recherche publique. Et depuis février 2009, il était conseiller scientifique de Chris Viehbacher. Autant dire qu'il chapeautait déjà son prédécesseur, dont le départ était envisagé depuis cet été.Tout oppose les deux hommes. Avec Marc Cluzel, 55 ans, c'est l'un des derniers représentants de l'ancienne garde « sanofienne » au comité exécutif qui est écarté - officiellement, il demeure « expert scientifique » pour le groupe. Entré chez Sanofi en 1991 comme pharmacologue, il était le bras droit de Gérard Le Fur, auquel il succéda début 2007. « Viehbacher a gardé Cluzel le temps de commencer la transformation de la recherche car il connaît bien Sanofi », analyse un proche.En deux ans, un quart des projets de recherche ont été arrêtés, les partenariats avec des biotechs ou des instituts académiques se sont multipliés, l'organisation hiérarchique est passée de 11 à 6 niveaux et 900 chercheurs ont quitté le groupe. Auparavant très monolithique, la R&D est désormais éclatée en entités autonomes (business units) dans le cancer, le diabète et l'ophtalmologie. S'y ajoutent cinq « unités stratégiques thérapeutiques » chargées d'explorer des domaines de recherche porteurs (vieillissement, anti-infectieux...)Craintes pour l'emploiLa montée en première ligne d'Elias Zerhouni laisse présager une accélération de cette stratégie. Pour le meilleur ou pour le pire. « Le départ de Marc Cluzel est une bénédiction ! Zerhouni est un vrai scientifique, qui va remettre l'examen clinique au centre de la recherche », avance un collaborateur. « On parle déjà de suppressions de postes en R&D préclinique [avant les essais sur l'homme, Ndlr] », note un syndicaliste. Or, la France concentre la moitié des effectifs de R&D (5.400 salariés sur 10.900). « Si les compétences internes se perdent, comment Sanofi pourra-t-il sélectionner les projets de recherche à choisir à l'extérieur ? » s'interroge un partenaire de Sanofi.Lire aussi page 20
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