Les contrats annuels du fer n'ont plus la cote

Le minerai de fer est bel et bien sorti de crise. Contrairement à l'acier, auquel il est entièrement consacré, les cours du minerai sont repartis en vive hausse. Selon une plate-forme privée The Steel Index, la tonne de ce minerai, qui est un des plus courants de la croûte terrestre, cotait plus de 120 dollars, contre moitié moins il y a deux ans. Un prix avant tout indicatif : la plupart des échanges du minerai se font beaucoup moins chers que ça, dans le cadre de contrats annuels. L'indice de prix reflète donc les échanges à la marge, et ne concerne qu'une minorité des acteurs du segment, notamment les plus petits aciéristes. Du moins pour l'instant. Car les principaux producteurs du minerai font pression pour faire évoluer le fonctionnement du système, pour faire pression sur les cours à l'heure des négociations annuelles qui se déroulent ces jours-ci.« Les clients devront accepter la nouvelle réalité des prix : des contrats annuels certes, mais plus proches des prix du march頻, a ainsi déclaré Jose Carlos Martins, directeur des métaux non ferreux chez Vale, la semaine dernière. Le groupe brésilien est numéro un mondial du minerai de fer. Chez BHP Billiton, le même son de cloche se fait entendre. Le groupe australien aurait déjà négocié une augmentation de 40 % du prix de ses cargaisons de minerai de fer vers la Chine, selon un site Internet chinois. Un tarif qui, s'il se confirme, renverrait à une tonne de minerai de fer échangée à 84 dollars, contre 60 dollars pour 2009. Soit des niveaux qui restent encore loin du prix « spot ». Le discours consistant à menacer d'interrompre les contrats de long terme est une menace désormais récurrente des groupes miniers ; mais cette année, la position de force des trois premiers groupes miniers sur le fer, Vale, BHP Billiton et Rio Tinto, est de plus en plus tangible. La Chine a beau extraire 880 millions de tonnes de minerai de fer de son propre sous-sol chaque année, elle reste aussi le premier acheteur international. Le minerai chinois présente en effet une qualité insuffisante pour être directement transformé en acier. Il doit donc être mélangé à des crus australiens et brésiliens, plus purs : la Chine en a acheté 627,8 millions de tonnes en 2009. Et la tendance à la hausse des coûts de production des minerais est soutenue, ne serait-ce que pour des enjeux de logistique. Ainsi, la destruction d'un ponton en Australie a entraîné une augmentation inquiétante du temps d'attente des bateaux chargeant du minerai de fer. 181 bateaux attendent au large des côtes australiennes d'avoir accès à un ponton, ce qui allonge le temps du transport du minerai et renchérit le coût du fret. Selon la banque australienne Macquarie, l'évolution du marché du minerai de fer vers des mécanismes de prix de court terme pourrait modifier structurellement la sidérurgie, où des fusions sont à anticiper. La tendance à la hausse des cours du minerai de fer et du charbon à coke se heurte en effet à la difficulté, pour les aciéristes, d'imposer des hausses de prix à leurs clients en raison d'une reprise économique encore fragile.
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