Maryam Mahdavi, la fée Clochette de la déco

Chez elle, c'est Noël en toute saison. Dès le vestibule, les murs recouverts d'une peinture argentée reflètent la lumière à la façon d'un lamé de soie. Des guirlandes lumineuses clignotent non-stop, grimpant comme des lianes le long des miroirs, courant sur les cheminées, s'entortillant autour du cou d'un lion amical qui habite au salon. Son style « Alice au pays des merveilles », elle le fait naturellement depuis toujours. La nouvelle tendance l'autorise soudain... Exprimez-vous chez vous ! L'exercice est délicat. On frôle vite ce que certains se plaisent à taxer de « mauvais goût » sans trop savoir où poser les limites... En tout cas, une chose est certaine : quatre fausses roses rouges dans un vase c'est moche, cinquante fausses roses rouges dans un vase, ça devient autre chose.Chez Maryam Mahdavi sous la vamp se cache la femme enfant, et sous la femme enfant, la fée Clochette. Mais une fée Clochette d'aujourd'hui, qui promène ses tutus noirs ou blancs perchée sur de vertigineux stilettos, de collections en cocktails, de dîners en vernissages, avant de les accrocher, en lustres vaporeux, au plafond de son appartement. Iranienne, réfugiée en France après la révolution avec ses parents diplomates, elle s'installe à Paris en 1975. À sa sortie d'Esmod Paris, elle travaille pour Princesse Tam-Tam, crée une ligne de lingerie sens dessus dessous baptisée « Les Indiscrètes » qui évoque assez irrésistiblement ses derniers meubles, récemment exposés chez Didier Ludot, baptisés de titres évocateurs : telle la série de guéridons « Déshabillez-moi » haute sur patte, sexy, enrubannée et lacée. Sorte de strip-tease charmant capturé dans le métal. Pour MM, la vie et la création sont un chassé-croisé entre différents univers, notamment ceux de la mode et de la décoration. Ultraféminine, elle se projette voluptueusement dans ses créations de « meubles émotionnels ». Une sensibilité à fleur de peau qu'elle extériorise dans son nouvel appartement parisien. Un « miroir », jamais fini, toujours en mouvement où la réalité rejoint le rêve. Une suite de surprises parfois déconcertantes. Kitsch, diront certains... Et pourquoi pas ? Le kitsch est un style. L'affirmation d'une personnalité. Affirmation aussi d'une vraie indépendance ; qui dérange. Déranger, c'est un acte poétique. Les atmosphères qui l'émeuvent sont à la limite du mauvais goût, dit-elle. C'est un jeu qui se pratique sur le fil. Rien ne lui fait peur et surtout pas la couleur. Vert, violet, turquoise, argent métallisé, associations dangereuses à Paris mais qui évoquent pour elle l'intérieur des maisons des montagnards, en Iran. Maryam décore comme les enfants dessinent, intuitivement. Comme eux, elle aime ce qu'elle veut. Les préjugés qui viennent ensuite avec l'éducation ne sont pas pour elle. Alexandra d'Arnoux
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