La digestion sera difficile pour l'économie française

Avec cette réforme majeure et notamment l'allongement du départ légal à la retraite, le gouvernement espère résoudre le problème du financement à long terme du système des retraites. Pour mémoire, celui-ci pourrait accuser un déficit supérieur à 110 milliards d'euros à l'horizon 2050, selon le scénario le plus pessimiste du Conseil d'orientation des retraites (COR). En clair, cette réforme permettrait de sauver le système par répartition auquel les Français sont très attachés. L'enjeu est de taille. Reste à savoir comment l'économie française peut « digérer » cette réforme.« Deux scénarios sont envisageables, l'un est rose, l'autre est noir », propose Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE. « Si l'activité repart réellement, si la France affiche une croissance supérieure à 3 %, cette réforme aura des effets positifs. La population travaillant plus longtemps, l'activité et la production nationale augmenteront mécaniquement dans un enchaînement vertueux », explique l'économiste. En revanche, si la croissance n'est pas au rendez-vous, la réforme peut avoir des effets néfastes. Et en particulier sur le niveau de l'emploi. « Si l'impact financier de cette réforme était rapide sur la situation financière des régimes, il serait obtenu au détriment de l'Unedic qui devrait indemniser plus de chômeurs de 60 à 62 ans », poursuit Henri Sterdyniak. Dans ce cas, de nombreux seniors se retrouveraient tributaires de l'allocation de solidarité spécifique (ASS) ou du revenu de solidarité spécifique (RSA). Autre solution, avec la fin du système de préretraite, les entreprises se retrouveraient avec des bataillons de seniors sur les bras pendant une période plus longue, coupant l'accès des jeunes au marché du travail. « S'il n'y a plus d'appel d'air, le taux de chômage pourrait grimper de 6 points pour s'établir à 16 % de la population active selon nos calculs », calcule Henri Sterdyniak. Un scénario qui fait froid dans le dos. Heureusement, rien ne permet de dire avec certitude que la rigueur pèsera réellement sur la consommation des ménages, l'investissement, le commerce extérieur et donc in fine la croissance. Seul l'avenir le dira. Fabien Piliu
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