L'euro pousse le dollar dans ses retranchements

L'euro a franchi un double pas jeudi : pour la première fois depuis deux mois il s'est retrouvé propulsé au dessus de 1,28 dollar, puis de 1,29, portant à plus de 8,5 % sa reprise depuis son point bas de quatre ans face au billet vert touché début juin. Mais la monnaie unique n'est pas seule à se raffermir vis-à-vis du billet vert. L'indice pondéré du dollar face aux monnaies des principaux partenaires commerciaux des États-Unis a lui aussi chuté jeudi à son plus bas niveau depuis deux mois, à 83,104. Particulièrement saisissant pour la monnaie d'un pays en pleine cure d'austérité : la livre sterling a bondi au dessus de 1,53 dollar pour la première fois depuis début mai, venant tutoyer le seuil de 1,54. Même le yen, attaqué depuis plusieurs séances, s'est raffermi, profitant de la révision à la hausse des prévisions de croissance de la Banque du Japon hier à l'issue de son conseil. Elle table désormais sur une progression du PIB de 2,6 % pour l'exercice fiscal en cours qui s'achève le 31 mars prochain, contre 1,8 % lors de sa précédente estimation. La monnaie nipponne est remontée jusqu'à 87,20 pour un dollar et les stratèges de Goldman Sachs lui prédisent une montée en puissance jusqu'à 85 dans trois mois et 83 dans six mois, soit son plus haut niveau depuis 1995, année de tous les records du yen, qui avait alors poussé une pointe jusqu'à 79,75 pour un dollar. Le brutal revers de fortune du dollar tient d'abord à la perception que le séisme de la crise existentielle de dette souveraine de la zone euro touche à son terme, même si certains Cassandre, tels Eisuke Sakakibara, l'ancien haut responsable du ministère des finances japonais, qui fut en son temps surnommé M. Yen, prédisaient encore hier sa « désintégration ». Retour de balancierD'où le rebond de l'euro plus conséquent que celui des autres grandes monnaies face au dollar, les investisseurs revenant en force sur les actifs libellés en monnaie unique qu'ils avaient jetés aux orties depuis plusieurs mois. Le retour de balancier sur le dollar tient aussi à la déception sur les performances de l'économie américaine, dont certains redoutent désormais un scénario de récession en « double creux », même si le FMI écarte cette sombre hypothèse. La Réserve fédérale n'est pas étrangère à ce coup de « blues », puisque dans les minutes de sa dernière réunion publiées dans la soirée de mercredi, elle s'est inquiétée de la persistance d'un chômage élevé tout en révisant en baisse de 0,2 % ses prévisions de croissance 2010.
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