Chômage ? : l'Hexagone distancé par son voisin

La comparaison n'est pas flatteuse. Alors que le taux de chômage français flirtait avec les 9,5 % au premier trimestre 2010 et pourrait, selon la plupart des économistes, dépasser les 10 % en 2011, l'Allemagne affichait, en juillet, un taux de 7,6 %. Soit le plus bas niveau atteint depuis 1992.La réalité est cependant plus nuancée. Outre-Rhin, compte tenu de l'évolution démographique, la population active diminue alors qu'elle progresse dans l'Hexagone. « Il faut beaucoup plus de créations d'emplois en France qu'en Allemagne pour faire baisser le chômage », résume Éric Heyer, le directeur adjoint du département analyse et prévision de l'OFCE. « Même avec une croissance nulle, l'Allemagne fait baisser son chômage. Mais à une population qui vieillit, je préfère le dynamisme démographique français, même s'il est plus pénalisant sur le chômage à court terme », ajoute Laurent Wauquiez, le secrétaire d'État à l'Emploi.Temps de travail réduitPendant la crise de 2009, un autre élément a accentué l'écart de taux de chômage entre l'Allemagne et la France. Pour amortir le ralentissement de l'activité, la première a beaucoup parié sur la réduction du temps de travail - via un recours massif au chômage partiel ou une baisse du volume d'heures travaillées. Conséquence, le nombre de salariés ayant perdu leur emploi a été plus limité que dans l'Hexagone. « Dans tous les pays, le chômage a explosé. L'exception, c'est l'Allemagne, pas la France », précise Éric Heyer. D'ailleurs, en matière de créations d'emplois, la comparaison est beaucoup moins défavorable à la France. Selon les chiffres provisoires rendus publics vendredi, l'économie hexagonale a créé 35.000 emplois au deuxième trimestre, après avoir déjà enregistré 23.900 créations nettes au premier trimestre. Même s'il reste inférieur à celui de l'économie allemande (près de 170.000 créations sur les six premiers mois de l'année), ce rythme tranche nettement avec l'année 2009 qui avait marqué un record de 250.000 destructions d'emplois.Reste une inconnue de taille, la capacité de la France à créer rapidement des emplois permanents (au deuxième trimestre, 25.700 des 35.000 créations de postes étaient liées à l'intérim) et en nombre suffisant pour faire baisser le chômage. Laurent Wauquiez espère que ce cap sera franchi dès l'hiver prochain (lire page 5), les économistes tablent, eux, plutôt sur la mi-2011... Agnès Laurent
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