La Cour des comptes inquiète pour France Télévisions

AudiovisuelC'est une télévision publique « fragilisée » qui est engagée dans une réforme en profondeur, s'est inquiétée hier la Cour des comptes. Dans son rapport rendu public hier sur France Télévisions pour 2004 à 2008, la Cour a élargi son rôle de contrôle d'une entreprise publique, pour apporter sa réflexion aux conditions de la réussite de la réforme en cours. Réforme qui doit transformer le groupe en une entreprise unique. Le service public, malgré ses nouvelles chaînes, a perdu des téléspectateurs depuis 2005 tout en augmentant ses dépenses dans les programmes. La situation financière s'est dégradée en 2008, et le retour à l'équilibre n'est espéré qu'en 2012.La suppression de la publicité, annoncée début 2008, est une réforme « immédiatement coûteuse pour les finances publiques », puisque la compensation est prise sur le budget général de l'État. Les bénéfices doivent donc être incontestables pour le contribuable, et « la télévision n'a d'autres choix que de placer la rigueur de gestion au c?ur de ses activités », poursuit la Cour. Et le c?ur de l'activité, c'est l'information et les programmes. L'information (journaux nationaux, locaux, magazines, etc.) représente 30 % du coût des grilles des chaînes de France Télévisions, 26 % du temps d'antenne et 45 % des effectifs.équation intenableDes données qui n'ont un sens qu'au regard des objectifs assignés. Or « des objectifs, il n'y en a pas », note Philippe Séguin, président de la Cour. De fait, les contrats d'objectifs et de moyens (COM) entre le groupe et l'État ont toujours effleuré le sujet. Et la réforme en cours aussi. Rapprochement des rédactions nationales, rationalisation du réseau régional, évolution de RFO en outre-mer, fin des accords sociaux concernant la seule catégorie des journalistes : les recommandations de la Cour ont de quoi allumer le feu de conflits sociaux à France Télévisions !Côté programmes, la Cour dénonce la mission assignée à France Télévisions « d'agence de financement de la production privée ». En renforçant les obligations de commandes du groupe aux producteurs indépendants, en fixant leur niveau, à la fois en valeur absolue et relative, à 20 % des recettes (« ceinture et bretelles » pour les producteurs, plaisante Philippe Séguin), on interdit à France Télévisions de négocier ses prix en investisseur avisé. La Cour souhaite que ces obligations soient désormais exprimées en volume horaire de programmes. Un v?u qui risque de rester pieux : les producteurs ont su agir efficacement pour que la réforme de France Télévisions les épargne.La Cour est sévère pour l'État actionnaire, qui confie à la télévision des objectifs « qui ne peuvent être menés de front : diffuser des programmes de qualité, faire de l'audience, soutenir la production privée indépendante et maintenir l'équilibre des comptes. Cette équation n'est pas tenable », prévient le président de la Cour des comptes. Depuis 2004, aucun des documents stratégiques censés diriger la vie de l'entreprise n'a duré plus de quelques mois : report du lancement de la TNT prévu au COM 2004, nouveau PDG et virage éditorial en 2005, avenant au COM en 2007, annonce d'une grande réforme par Nicolas Sarkozy le 8 janvier 2008. « Aucune entreprise ne peut fonctionner sur un tel rythme », a prévenu Philippe Séguin.
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