« Petits cachottiers »

Nous ne l'avons appris qu'après, quand tout a été fini. Les petits cachottiers ne se sont jamais fait attraper. Ils n'ont jamais croisé un seul des 650 salariés de la maison en près de 1.500 jours d'aventure. Pourtant, nous aurions dû nous en douter. Les indices ne manquaient pas. Ils travaillaient dans le même service, arrivaient à la même heure le matin, déjeunaient toujours ensemble. Leur entente semblait si naturelle, leur amitié si sincère que nous n'avons jamais imaginé autre chose. Elle était mariée, son époux venait souvent la chercher le vendredi soir pour leur week-end en Normandie avec les enfants. Il blaguait avec tout le service, parlait à l'amant de sa femme comme à un vieux copain et l'amant de sa femme était vraiment à l'aise avec lui. Nous n'y avons vu que du feu. Ils travaillent toujours ensemble et leur relation n'a pas changé d'un poil. Leur secret aurait pu n'être jamais percé à jour si elle n'avait pas eu besoin de vendre la mèche.quatre ans sans soupçonLeur histoire était déjà terminée quand elle est sortie de la clandestinité : une confidence à une collègue qui n'a pas su tenir sa langue. Il faut dire qu'elle a choisi la plus pipelette du service. Pour que leur histoire passée cachée vive enfin, même morte, au grand jour ? Pour entretenir la flamme de l'amour perdu méconnu ?Ce qui nous a le plus surpris c'est la durée de leur relation. Quatre ans et pas un soupçon. Ils avaient été forts, très forts. C'était tellement incroyable qu'ils sont devenus les principaux sujets de conversation à la cantine, à la machine à café et même aux toilettes. Surtout celles des filles. Tout d'un coup, nous avions tous un souvenir qui aurait dû nous mettre la puce à l'oreille. Nous avions été bêtes et naïfs. Il nous faudrait beaucoup de temps pour oublier qu'ils nous avaient roulés dans la farine. Ce que nous avons eu le plus de mal à digérer, c'est le cadeau commun pour la naissance de son petit dernier. Un cadeau qu'il lui avait apporté lui-même à la maternité.Ils nous avaient trahis et les potins allaient bon train. Son mari avait-il deviné ? L'amant n'était-il pas le père de l'enfant qui venait de rentrer en maternelle ? Nous ne lui avons pas encore posé ces questions qui nous brûlent les lèvres. Un peu de patience, elle finira bien par lâcher le nom du géniteur. n
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