Les trois scénarios de Bruxelles pour la PAC

Le commissaire européen à l'Agriculture Dacian Ciolos doit présenter jeudi à Bruxelles les grandes lignes de la réforme de la politique agricole commune (PAC). Dans ce débat qui voit s'affronter, selon la caricature d'un diplomate européen, le « club des ringards » emmenés par la France favorable au maintien d'un soutien fort au monde agricole, et le « club des radins » emmenés par le Royaume-Uni qui veut une coupe drastique dans les subventions agricoles, Dacian Ciolos fait preuve d'une prudence de sioux. L'ancien ministre de l'Agriculture roumain, qui a étudié l'agronomie à Rennes et Montpellier, a préparé une feuille de route ouverte mais avec un objectif : maintenir la PAC tout en l'adaptant. Sa communication présente trois options. La première, intitulée « Statu quo amélioré », s'établirait « sur la base des aspects de la politique qui fonctionnent bien » et se concentrerait « sur des améliorations limitées dans des domaines spécifiques tels qu'une plus grande équité entre les États membres dans la distribution des aides directes ». De l'aveu même du document, alors que cette option « assurerait une continuité avec la PAC actuelle », elle représenterait aussi « une opportunité manquée de la réformer » et donc de « répondre aux critiques ». La deuxième option, qualifiée de « soutien plus équilibré, plus ciblé et plus durable », promet des « révisions majeures de la politique ». Elle propose un plus grand « équilibre entre les différents objectifs, les agriculteurs et les États membres », à travers des mesures « qui seraient plus compréhensibles par le citoyen ». Compromis en perspectiveLa troisième option, présentée comme l'« abolition du soutien au marché et aux revenus », consisterait en une « réforme radicale », « s'écartant du soutien aux revenus et de la plupart des mesures de marché, et se consacrant entièrement aux objectifs environnementaux et de changement climatique ». Cette alternative conduirait « à une réduction significative des niveaux de production et des revenus des exploitations » et à « l'abandon de terres », explique le document.Entre la première option rêvée par Paris et la troisième rêvée par Londres, Dacian Ciolos prend manifestement le chemin du compromis. La priorité pour la France est de maintenir des moyens d'intervention sur les marchés afin de faire face aux fluctuations des prix. La lutte contre la volatilité des prix des matières premières constitue l'un des grands chantiers de Nicolas Sarkozy pour sa présidence du G20. Pour l'heure, alors que ce débat sur le prochain budget pluriannuel européen après 2013 s'annonce comme les négociations parmi les plus difficiles de l'histoire européenne, le Roumain ne prend pas le risque de proposer des chiffres. La Commission présentera des propositions législatives concrètes mi-2011.
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