Dublin campe sur son refus de faire appel au fonds d'aide européen

Le gouvernement irlandais continuait de répéter lundi qu'il n'avait pas demandé d'aide d'urgence à l'Union européenne. Mais Dublin a des arguments. Le principal est qu'il a suffisamment d'argent dans ses coffres jusqu'à juin prochain, et n'a pas l'intention d'émettre des obligations d'ici au premier trimestre 2011. Mais qui l'écoute ? La plupart des observateurs estiment que la question n'est plus de savoir si un appel au Fonds européen de stabilité financière (FESF) aura lieu, mais simplement quand. Lundi, le ministre portugais des Finances, Fernando Teixera dos Santos, pressait dans le « Financial Times » l'Irlande d'accepter «car ce n'est pas seulement le problème de ce pays», aussi du Portugal et de la Grèce, qui risquent la contagion.« Je crois que l'intervention européenne est lancée, estime Michael Noonan, du principal parti d'opposition Fine Gael. Le gouvernement irlandais mène un combat d'arrière-garde pour sauver les apparences. »Quant aux marchés obligataires, ils se sont détendus lundi, anticipant l'aide au « tigre celtique ». « Il est absolument clair que l'Irlande doit accepter un soutien extérieur tôt ou tard », estime Christoph Weil, économiste à Commerzbank. Comment expliquer que celui qui peut être sauvé refuse l'aide ? « Fierté nationale, et peur de se faire imposer des conditions trop difficiles », commente une note du courtier irlandais Bloxham.Menaces des députés L'Irlande est en effet très susceptible sur son indépendance, obtenue des Britanniques qu'en 1922. « La souveraineté a été gagnée difficilement et ce gouvernement ne va pas la redonner », affirmait ce week-end Batt O'Keefe, le ministre du Commerce. En outre, le gouvernement, qui ne détient la majorité qu'à trois voix, attend le résultat d'une élection partielle prévue le 25 novembre. Sans compter la fronde de plusieurs députés de la majorité qui risquent de rendre impossible le vote du budget de rigueur qui sera présenté le 7 décembre. Accepter un plan d'urgence serait la meilleure façon de subir une déroute électorale.Enfin, Dublin redoute que Bruxelles lui impose des conditions très strictes. S'il paraît difficile d'être plus sévère dans les mesures d'austérité, en revanche, le principal symbole de la prospérité passée irlandaise, le taux d'imposition sur les sociétés, 12,5 %, moitié moins que le reste de l'Europe, pourrait être remis en cause. L'Allemagne et la France n'ont jamais caché qu'ils le jugeaient trop faible. « C'est l'une des raisons qui expliquent les hésitations du gouvernement à négocier », assure Janet Henry, de HSBC. Éric Albert, à Londre
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