Axel Moreaux, un restaurateur français à Pékin

Trop sentimental ? Sans doute. L'histoire, ou plutôt les déboires d'Axel Moreaux en Chine, ressemble malheureusement à tant d'autres. Ce restaurateur, ancien propriétaire du Berthoud, un café place du Panthéon, dans le 5e arrondissement à Paris, arrive en Chine un peu par hasard en 2005 pour changer d'air, après avoir vendu son affaire. Une histoire de coeur le pousse à s'y installer en 2006 sans aucune intention d'y travailler. Mais une rencontre avec un restaurateur chinois qui avait un bistro français en décide autrement. À peine installé à Pékin, le projet de passer deux années sabbatiques s'envole et voilà ce passionné de cuisine à nouveau embarqué dans la restauration. Le café s'appelle Le Petit Gourmand. Situé au premier étage d'un centre commercial, il végète et est au bord de la faillite. « J'ai fait un audit, remonté l'affaire qui a vu son activité passer d'un déficit de moins 60.000 yuans par mois à un chiffre d'affaires de plus de 300.000 yuans par mois », explique Axel Moreaux. Le restaurant marche bien, même trop bien, et est régulièrement récompensé comme meilleur bistro français de Pékin. Axel Moreaux et son partenaire chinois devenu ami envisagent même d'en ouvrir un autre. Entre-temps, le partenaire diversifie ses activités et, pour financer ses investissements, vend 40 % du restaurant. Ici l'histoire se gâte. « J'arrive un jour au restaurant. Et on me traite comme un inconnu. Le partenaire chinois avait visiblement décidé de se débarrasser de moi. L'affaire marchait bien, il n'avait plus besoin de « l'étranger ». Pas du tout désabuséPourtant, après un procès, plus de trois mois de salaires non payés, des problèmes administratifs et de visa, le risque d'être expulsé, Axel Moreaux est toujours en Chine. À la tête de La Taverne cette fois-ci où il est depuis cinq mois. L'histoire ressemble étrangement à celle du Petit Gourmand. Depuis son arrivée dans ce bistro français, le chiffre d'affaires a plus que doublé. Il a relooké entièrement le lieu, retravaillé le menu et attiré une clientèle le soir. « Je suis toujours sur un siège éjectable, cependant j'en suis conscient cette fois », sourit-il pas du tout désabusé. Ce Parisien d'origine qui a fait la plus grande partie de sa carrière dans la restauration et l'hôtellerie à Paris ne compte pas du tout rentrer chez lui. Il n'est d'ailleurs pas retourné en France depuis trois ans. « En venant en Chine pour la première fois, j'ai réalisé qu'il n'y avait pas que Paris. Pékin est dur. Mais c'est un endroit qui me stimule. Le pays a encore beaucoup à m'offrir ». À 47 ans, il y voit l'opportunité de travailler plus facilement qu'à Paris. L'environnement y est moins compétitif. Il s'acharne donc. Il a prévu pour La Taverne qu'il espère transformer en brasserie parisienne une rôtisserie et un stand de fromages à emporter. Et il espère acheter 50 % du restaurant. Pour l'instant, les propriétaires chinois ne lui ont proposé que 49 %. Autant dire rien du tout.
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