Menace sur l'Espagne : Moody's fait plus de peur que de mal

L'agence de notation Moody's a placé mercredi la note souveraine Aa1 de l'Espagne sous surveillance négative. Derrière ce jargon, il faut lire que l'agence envisage d'abaisser la note souveraine du royaume, si ses craintes se confirment. Craintes qui portent sur les besoins élevés de financement du pays, les doutes sur la solidité du secteur bancaire et les inquiétudes sur l'état des finances publiques.L'Espagne est scrutée à la loupe par les marchés depuis l'octroi le mois dernier d'une aide financière de 85 milliards d'euros à l'Irlande sur fond de problèmes similaires, à savoir une économie en souffrance après l'éclatement de la bulle immobilière et une très grande fragilité des banques. Bon nombre d'économistes agitent depuis des semaines le chiffon rouge, car l'Espagne, quatrième puissance économique de la zone euro, n'est ni la Grèce, ni l'Irlande. Ils font remarquer qu'un sauvetage de l'Espagne assécherait le Fonds européen de stabilité financière (FESF), composante d'un filet de sécurité global de 750 milliards d'euros. L'avertissement de Moody's ne manquera pas de relancer le débat, déjà houleux, sur l'abondement de ce fonds. L'agence, qui joue volontiers les fossoyeurs, a toutefois mis un bémol à sa mise en garde : elle ne croit pas que la solvabilité de l'Espagne soit menacée et, dans ses hypothèses de base, ne s'attend pas à ce que le gouvernement espagnol doive demander un soutien en liquidités au FESF, souligne la principale économiste de Moody's pour l'Espagne, Kathrin Mühlbronner.Il n'empêche que Madrid doit assainir ses finances publiques dans les plus brefs délais et ce n'est pas Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, qui dira le contraire. Mais la zone euro se serait bien passée de ce dernier coup de pied de l'âne de l'agence américaine dans un contexte de tensions persistantes sur les rendements à long terme. Le marché obligataire ne s'est toutefois pas laissé durablement impressionner, malgré un réveil difficile, l'agence ayant diffusé son information aux petites heures de la matinée européenne. Après une pointe à 5,61 %, en deçà du plafond de 2010 atteint le 30 novembre, à 5,67 %, les taux espagnols à dix ans sont retombés en dessous de 5,45 %. Mais l'écart avec le bund allemand de référence, lui-même remonté au dessus de 3 %, reste cependant proche de ses records.L'Europe est néanmoins prise entre deux feux. Elle subit les contrecoups de la crise de la dette souveraine et la contagion de la tension sur les rendements obligataires américains qui, elle, trouve son origine dans le regain d'optimisme des investisseurs sur les perspectives économique de l'Oncle Sam. C'est le régime de la double peine !
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