Les nitrates : la raison de la colère des agriculteurs

De la paille, des palettes et même quelques feus ont dès 6 heures ce mercredi matin recouvert le bitume de la rue de Varenne dans le 7e arrondissement de la capitale. Là où siège le ministère de l\'Agriculture. Répondant à l\'appel de la Fédération régionale des syndicats d\'exploitants agricoles (FRSEA) d\'Ile-de-France, une centaine d\'agriculteurs sont venus manifester contre les normes environnementales du gouvernement. Un vent de contestation soufflait déjà mardi aux quatre coins de l\'Hexagone.La \"directive nitrates\" du 12 décembre 1991Dans le viseur, l\'application de la directive européenne du 12 décembre 1991 dite \"directive nitrates\". L\'application de cette norme a entraîné la délimitation des zones vulnérables, où la teneur en nitrates dans les eaux approche ou dépasse la norme de 50 mg/l.  Celles-ci concernent 46 % de la Surface Agricole Utile et 43 % des exploitations. Depuis 1992, des relevés sont ainsi effectués tous les quatre ans. Et fin 2012, 860 communes de plus ont notamment été classées \"zones vulnérables\" sur les 18.000 qui l\'étaient déjà dans les six bassins fluviaux du pays. Un Code des Bonnes Pratiques Agricoles national, d\'application volontaire en dehors des zones vulnérables, a également été créé. Ainsi que l\'élaboration d\'un programme d\'action dans chaque département concerné, arrêtant les prescriptions que doivent respecter l\'ensemble des agriculteurs dans chaque zone vulnérable correspondante. Le but est de corriger les pratiques les plus génératrices de pollution. L\'évaluation de ces programmes est basée sur un suivi de l\'évolution des pratiques agricoles. Et ce suivi, réalisé par les Chambres d\'Agriculture, est cofinancé par les Agences de l\'Eau. Or, la France s\'est fait remonter les bretelles par Bruxelles pour non-respect de ladite directive. Face aux menaces de lourdes sanctions financières, la France a  donc récemment pris des mesures restreignant diverses pratiques agricoles pour protéger les points de captage de l\'eau et les nappes phréatiques.\"Un assouplissement des réglementations\"Des contraintes trop drastiques qui asphyxient les agriculteurs, qui déplorent ne plus pouvoir produire. Ceux-ci dénoncent aussi des distorsions de concurrence avec les autres pays européens. \"Il n\'y a pas de raison de surenchérir la directive nitrate, par rapport au résultat obtenu en Bretagne où la qualité de l\'eau s\'est considérablement améliorée\", s\'est insurgé René Collin, de la FDSEA Ille-et-Villaine, interrogé par l\'AFP. \"Nous souhaitons un assouplissement des réglementations, qui nous imposent notamment des investissements trop lourds pour les petites exploitations comme par exemple de disposer d\'une aire de lavage pour les engins d\'épandage avec récupération des eaux usées\", demande de son côté le président de la fédération de la région Paca, Claude Rossignol. Reste que cette manifestation peut être une opportunité à visée électorale pour la FNSEA. C\'est en tout cas ce que pense François Lucas, du syndicat minoritaire Coordination rurale, interrogé par l\'AFP. Selon lui, la fédération est \"de mauvaise foi\" et a toujours été \"complice des réglementations successives en matière de contraintes environnementales\". Même son de cloche au ministère : \"Il s\'agit d\'un débat syndical\", a-t-on confié à l\'AFP.  Dans quelques jours, début février, doivent en effet se dérouler les élections aux Chambres d\'agriculture. 
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