Rafale  : la nouvelle exigence d'Abu Dhabi embarrasse Paris

Les Émiriens sont des clients très exigeants. Trop, certainement, au goût des vendeurs. Le Team Rafale, qui regroupe Dassault Aviation, Thales et Safran ? mais pas le missilier MBDA ?, en fait à nouveau l'expérience dans les négociations entre Abu Dhabi et Paris sur la vente de 60 Rafale aux forces aériennes des Émirats arabes unis (EAU).Après avoir très vite demandé un moteur plus puissant que celui du Rafale en service dans l'armée de l'air française (de 7,5 à 9 tonnes) à Safran et un radar dit « à antenne active », le dernier cri de Thales, les EAU ont évoqué, selon des sources industrielles concordantes, la possibilité de mettre sous l'avion de combat la dernière version du missile antinavire américain Harpoon (AGM-84 H/K SLAM-ER), qui fait aussi de l'air-sol. Produit par Boeing, sa portée est de 280 kilomètres, tandis que celle de l'Exocet AM-39 de MBDA, en fin de vie, est comprise entre 50 kilomètres et 70 kilomètres. Si techniquement tout est possible à condition d'y mettre le prix (intégration du missile), cette demande est un vrai dilemme pour Paris, à cause de la grande intimité entre un avionneur et son missilier. Le ministère de la Défense acceptera-t-il d'intégrer un missile de Boeing, l'un des grands rivaux de Dassault Aviation dans l'aviation de combat ? à l'état de déciderEst-ce rédhibitoire pour le Rafale ? Apparemment, le camp français demeure serein. Les équipes du Team Rafale vont en discuter avec le client, qui sera à Paris en fin de semaine et qui veut un appareil polyvalent. Dassault Aviation, qui a déjà proposé des Mirage 2000 avec de l'armement américain au Chili, fait partie des pragmatiques. Mais c'est à l'État d'instruire ce dossier et de décider : la France doit-elle rester 100 % autonome en matière d'armement en codéveloppant un missile antinavire de nouvelle génération ? ce qui prendra au moins quatre ans ?, ou faut-il accepter la demande émirienne ? De toute façon, les Émiriens veulent un Rafale proche de celui de l'armée de l'air française, la version F3. D'autres estiment que les EAU font monter les enchères pour mieux tirer les prix vers le bas.Seule certitude, « les négociations avancent globalement bien », assure-t-on de bonne source. Et les EAU, mobilisés jusqu'en décembre 2009 sur l'achat aujourd'hui en stand-by des avions d'entraînement M346 à l'italien Alenia Aermacchi, ont dédié toute l'équipe du service d'acquisition du ministère de la Défense pour boucler le dossier français. De très bon augure pour signer un premier succès du Rafale à l'export. Les EAU pourraient conclure en 2010. Contrairement au Brésil, qui ne devrait pas pouvoir signer un contrat en bonne et due forme avant la fin du mandat du président Lula.
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