Athènes et Ankara privilégient la relation pacifique

La sévère crise que traverse la Grèce pourrait avoir un effet bénéfique sur les relations avec son ennemi héréditaire, la Turquie. Les deux pays sont voisins et ont des intérêts communs, comme en témoigne la hausse de leurs échanges commerciaux, passés de 150 millions d'euros en 1999 à 3,9 milliards d'euros en 2008. Aussi, la visite officielle qu'a effectuée vendredi et samedi à Athènes le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a-t-elle été qualifiée d'« historique » par les deux parties. La délégation qui l'accompagnait se composait d'une dizaine de ministres et de quelque 80 hommes d'affaires. Concrètement, vingt et un accords ont été signés, portant notamment sur la lutte contre l'immigration clandestine, la coopération dans l'énergie, le tourisme, l'environnement. Cette collaboration devrait s'intensifier, les deux pays ayant décidé de créer un Conseil supérieur gréco-turc visant au développement économique.Pour autant, cette visite n'a pas véritablement abordé les sujets qui fâchent, principalement le statut de l'île de Chypre, partagée aujourd'hui en deux zones, et la délimitation précise des espaces aériens et maritimes dans la mer d'Egée. Le point est d'autant plus important qu'il nourrit une course aux armements ruineuse pour les deux pays, membres de l'Otan, au moment où Athènes applique un strict plan de rigueur pour réduire son déficit et sa dette. Sur ce point, Recep Tayyip Erdogan a indiqué au cours de sa visite que « le renforcement du climat de confiance entre Ankara et Athènes pourrait avoir comme conséquence la réduction des armements ».Cette année, les dépenses en armements et matériels militaires devraient atteindre 6 milliards d'euros, l'équivalent de 2,8 % du produit intérieur brut (PIB), après s'être élevées ces dernières années jusqu'à 13,4 milliards d'euros (5,6 % du PIB). Aucun autre pays de l'Union européenne ne consacre autant, en proportion, au budget de la défense ! Forte croissance TurqueEn Turquie, ces mêmes dépenses représentaient 8,3 milliards d'euros (1,8 % du PIB) en 2008 et 8 milliards d'euros en 2009 (1,1 % du PIB), selon les derniers chiffres connus. Surtout, la Turquie devrait connaître une croissance de 4 % cette année (contre une contraction de 5 % en Grèce), et sa dette souveraine ne représentait que 49 % de son PIB en 2009 contre 115 % pour la Grèce. Robert Jule
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