Les marchés actions privilégient une approche géographique

Retour à la normale ? Le vent d'euphorie qui a soufflé en début de semaine dernière sur les indices européens, et par effet de contagion sur les autres marchés mondiaux, a en partie balayé le spectre du risque souverain qui pesait sur les places européennes depuis la mi-avril. Si vendredi ce sont les perspectives de croissance qui pesaient très fortement sur les indices [Voir notre édition numérique de samedi], il y a fort à croire que la parenthèse de la dette refermée, les marchés amorcent un retour au cycle dit « réel », celui des entreprises. Reste à savoir, maintenant, dans quelle mesure la tempête passée a changé la vision des investisseurs auprès des marchés d'actions. La question se pose bien évidemment au regard de la cure d'austérité qui attend les économies européennes et va irrémédiablement se traduire en points de croissance sur la zone euro. « La crise qui vient de passer nous a amené à revoir à la baisse les prévisions de bénéfices des entreprises européennes pour 2011. Car les plans de rigueur budgétaires ne devraient pas peser significativement sur la croissance avant l'an prochain », estime Romain Boscher, directeur des gestions chez Groupama AM. Mais, pour d'autres spécialistes, le phénomène pourrait quand même creuser dès cette année l'écart de performance entre les marchés nord américain et européen. Elément symptomatique : les fonds d'actions européens ont subi, au pire de la crise, une décollecte de plus de 2 milliards d'euros selon le fournisseur de données EPFR. Les marchés du Vieux Continent sont-ils pour autant condamnés à subir à moyen terme la défiance des investisseurs ? Loin de là. L'optimisme semble toujours de mise dans les rangs des professionnels. « Malgré les risques sur la dette, l'environnement macroéconomique global est relativement bon. Cette dynamique et la faiblesse de l'euro sont porteurs pour les entreprises qui par ailleurs ont des bilans sains et peuvent faire face à des pressions fiscales », souligne Claudia Panseri. La responsable de la stratégie actions Europe à la Société Généralecute; Générale n'a pas changé ses prévisions pour 2010 avec une hausse de 30 % des résultats des entreprises en Europe et de 35 % aux états-Unis. Si celles de Romain Boscher sont les mêmes pour le Vieux Continent, celui-ci table en revanche sur une hausse de près de 40 % des bénéfices des sociétés américaines.Reste que le risque sur la dette a tout de même changé l'approche des investisseurs vis-à-vis des valeurs européennes. « La stratégie sur les actions est désormais dictée par leur nationalité. Quand les taux d'intérêt se sont échelonnés de 2 à 12 % au sein de la zone euro, cela a influencé inévitablement la prime de risque sur les différentes sociétés », explique le directeur des gestions chez Groupama AM. Un avis partagé par Claudia Panseri qui souligne que « les investisseurs ne réflechissent plus en termes de secteur mais de pays. Cette tendance est déjà visible dans les indices. L'Allemagne est jouée pour ses exportations et la faiblesse de l'euro. Des pays comme la Suisse ou la Suède s'en tirent mieux grâce à de faibles niveaux d'endettement ».
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