Conférence environnementale : Hollande propose «un nouveau modèle de développement»

Ceux qui attendaient de François Hollande un discours mou en sont pour leurs frais. En ouverture de la Conférence environnementale qu\'il a à nouveau comparée à la Conférence sociale du mois de juillet (et distinguée du Grenelle de l\'Environnement dont il a salué les acquis et regretté les espoirs déçus) le président a proposé rien moins qu\'un nouveau modèle de développement, impliquant d\'admettre «que le progrès de l\'humanité à l\'heure de la mondialisation ne peut se concevoir selon des schémas nés à l\'heure industrielle». Il a conclu son discours sur un ton presque lyrique : «Ce n\'est pas un programme, ni un choix politique partisan, c\'est un projet de société, un modèle de développement, une conception du monde.»Pour la première fois, le lien entre crise écologique et crise économique a été clairement établi au plus sommet de l\'Etat : «Les crises ne se séparent pas. La crise écologique, ce n\'est pas une crise de plus, elle s\'inscrit dans la crise globale qui se décline sur le terrain économique, social et sanitaire.»Evoquant le Grenelle, François Hollande a regretté qu\'une fois de plus, en temps de crise financière, l\'économie ait été opposée à l\'écologie. Lui a au contraire mis en exergue les opportunités de la transition énergétique en matière d\'emplois et d\'innovation. «La transition énergétique est autant une exigence pour l\'environnement qu\'un atout pour l\'emploi», la lutte contre le changement climatique est «un nouveau modèle de croissance durable et solidaire» et la transition énergétique «un nouveau défi productif».La Conférence internationale sur le climat de 2015 à Paris ?Ce grand projet se traduit par des objectifs et des décisions précises. Sur le plan international, François Hollande s\'est montré particulièrement volontariste, affichant des objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2, mais pour des horizons éloignés : -40% en 2030 et -60% en 2040 (par rapport à l\'année de référence 1990), sans toutefois évoquer l\'éventualité de faire passer celui de 20% en 2020 à 30%, comme le réclament les écologistes. Il a également annoncé que la France était prête à accueillir la Conférence internationale sur le climat de 2015, ce qui l\'obligeait à d\'autant plus d\'exemplarité dans l\'Hexagone.«Il ne peut être question de choisir entre la compétitivité de nos entreprises et la protection de la planète», a-t-il ajouté. «Il ne faut pas confondre protectionnisme et protection de la planète» ; c\'est pourquoi la France proposera à ses partenaires un mécanisme d\'inclusion carbone aux frontières de l\'Europe.Des estimations de gisements de gaz de schiste exagéréesSur le sujet le plus délicat, la transition énergétique, François Hollande a annoncé la fermeture de la centrale de Fessenheim fin 2016, insistant sur l\'opportunité d\'en faire un exemple de démantèlement réussi, tout à la fois créateur d\'emplois et de savoir-faire pour un marché international appelé à se développer rapidement. Il a également rendu public le rejet de sept permis d\'exploitation de gaz de schiste, jugeant les estimations des gisements français  \"exagérées\" et fermant la porte à tout autre projet faisant appel à la fracturation hydraulique.Il a aussi réaffirmé l\'objectif de rénovation de un million de logements par an, autant de petits chantiers offrant des opportunités d\'emplois non délocalisables à des PME. Il a d\'ailleurs demandé à la ministre du logement Cécile Duflot de mettre au point un dispositif applicable dès le début de l\'année 2013.Sans donner plus de détails que le lancement d\'appels d\'offres supplémentaires dans l\'éolien offshore et le photovoltaïque d\'ici à la fin de l\'année, François Hollande a affirmé le rôle essentiel que seraient amenées à jouer les énergies renouvelables. Elles doivent en effet être l\'un des deux piliers de la transition énergétique. L\'autre reposant sur l\'efficacité énergétique, et le chef de l\'Etat a affirmé à ce propos que la directive européenne adoptée en juillet serait transposée «au plus vite».La BPI mise à contributionCôté ressources, cette transition sera financée par des fonds de la nouvelle Banque publique d\'investissement, les livrets A et LLD dont les plafonds seront doublés, la vente de quotas carbone aux enchères en 2013 et une fiscalité réformée, pesant moins sur le travail et plus sur les atteintes à la nature. Une extension du principe du bonus/malus est prévue pour encourager les comportements les plus vertueux. Parmi les annonces les plus remarquées (et critiquées) sur le sujet : le financement d\'une partie de la protection sociale par cette nouvelle fiscalité écologique. En revanche, le terme de «taxe carbone», pas plus que de «contribution climat énergie» n\'a été prononcé. Des mots devenus tabous depuis le rejet qu\'ils avaient suscité dans l\'opinion publique et de la part du Conseil Constitutionnel en 2009, mais dont le principe pourrait cependant être relancé.
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