La Banque d'Espagne veut accélérer

éformeC'est une première : dans un entretien accordé au «?Financial Times?», le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Fernandez Ordonez, a publiquement chiffré la portée de la réforme en cours des caisses d'épargne, le parent malade de la finance espagnole. Le tiers des « cajas » (soit 15 des 45 «?cajas?» opérant dans le pays) doivent fusionner d'ici au printemps prochain, estime-t-il. Le gouverneur exige, donc, une accélération d'un processus déjà lancé. Deux fusions entre «?cajas » sont en cours en Catalogne, une autre en Andalousie, et une en Castille-León. En outre, l'asturienne Cajastur s'apprête à absorber Caja Castilla-La Mancha (CCM), que la Banque d'Espagne avait mise sous tutelle le 29 mars. Non cotées, les caisses d'épargne ont vu leur influence grandir au moment du boom immobilier, au point de détenir aujourd'hui environ la moitié de l'encours de crédits en Espagne. L'explosion de la bulle immobilière et la récession sont dramatiques pour elles, comme en témoigne le sauvetage de CCM au printemps dernier.À l'exception du cas particulier de cette « caja », dont la gestion est aux mains de la Banque d'Espagne, toutes les fusions en cours se réalisent entre caisses d'une même région. Et c'est là le problème de fond, sur lequel le gouverneur s'est prudemment abstenu de se prononcer. Les gouvernements régionaux jouissent d'un poids déterminant au sein des « cajas », qu'ils considèrent souvent comme leur bras financier, et ils s'opposent à toute fusion interrégionale qui risquerait de diluer leur influence. Ils n'appuient donc que les fusions intrarégionales, qui présentent d'évidentes limites : les réseaux des « cajas » d'une même région se superposent souvent. Une fusion permet de fermer des agences et de réduire les coûts, mais elle ne contribue pas à accroître l'assise territoriale des entités, ni à réduire la concentration géographique de leurs risques.convaincre les « cajas »Aussi, une autre modalité a-t-elle vu le jour, la seule à unir pour le moment des « cajas » de régions différentes : les fusions partielles par le biais de « systèmes institutionnels de protection » (SIP), par lequel deux ou plusieurs établissements mettent en commun plusieurs départements (gestion du risque, informatique, comptabilité), tout en subsistant comme entités différenciées. Deux SIP sont en voie de constitution, l'une entre une caisse des Canaries et une caisse de Navarre, et l'autre entre une « caja » de La Rioja et deux « cajas » des Canaries. La Banque d'Espagne appuie cette modalité, mais à condition que l'organe qui les unit reste sous sa supervision.Pour convaincre les « cajas » d'accélérer le mouvement, la Banque d'Espagne dispose d'une arme : la manne du Fonds public de restructuration bancaire (FROB). L'Espagne tente actuellement de convaincre Bruxelles de sa légitimité, à l'heure où les aides au secteur bancaire commencent à irriter, maintenant que le pire de la crise est passé. L'Espagne pourrait finalement pâtir d'avoir vu ses établissements financiers résister mieux que d'autres, et d'avoir eu recours plus tard, pour cette raison, aux aides de l'État ! Thierry Maliniak, à Madrid.
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