La finance islamique fait fi de la crise

Les banques sont en crise depuis 2008. Toutes les banques? Non. Les actifs des banques islamiques devraient atteindre 1.800 milliards de dollars l’an prochain, dans le monde, selon une étude publiée cette semaine par le cabinet Ernst & Young. Un montant qui représente un bond de 38,5% par rapport à 2011. Il faut dire que cette finance semble aux antipodes des dérives de la finance occidentale, mises en lumière depuis 2007 par la crise des subprimes (crédits hypothécaires américains à risque), la faillite de la banque américaine Lehman Brothers ou bien encore le scandale Madoff. En effet, la finance islamique se fait fort de respecter les principes de la charia, ce qui la conduit à bannir toute notion d’intérêt, de spéculation et à adosser ses produits à des actifs réels.Des actifs de 2.000 milliards de dollars dans les prochaines annéesLes perspectives des banques islamiques semblent d’autant plus prometteuses que de nouveaux marchés s’ouvrent à elles, au-delà du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud-Est. Et ce, à la faveur du Printemps arabe, qui a porté des partis islamistes au pouvoir dans certains pays. C’est le cas de l’Egypte, qui travaille à l’émission de «sukuks», des obligations d’Etat qui ne servent pas d’intérêt et reposent sur des actifs tangibles. L’Irak et la Libye planchent eux aussi sur la mise en place d’un cadre réglementaire pour les banques islamiques. Les actifs de ces dernières pourraient donc passer la barre des 2.000 milliards de dollars dans les prochaines années, à l’échelle mondiale, estime Ernst & Young. Qui table sur un montant de 1.550 milliards pour cette année.Une rentabilité inférieure à celle des banques conventionnellesMais il y a un bémol. La profitabilité des banques islamiques demeure sensiblement inférieure à celle des banques dites conventionnelles. Au cours de la période 2008-2011, les premières ont dégagé une rentabilité des capitaux de 11,6%, en moyenne, contre 15,3% pour les secondes. Un écart en grande partie lié au manque de standardisation de la finance islamique: d’un pays musulman à l’autre, l’interprétation de la charia peut être différente, si bien que les règles du système bancaire islamique ne sont pas partout les mêmes. Difficile, dans ces conditions, de répliquer à l’étranger un «business model» qui fonctionne sur le territoire domestique.HSBC a réduit la voilureC’est d’ailleurs pour cette raison que la sino-britannique HSBC, l’une des premières banques occidentales à s’être diversifiée dans la finance islamique, a significativement réduit la voilure cet automne, se recentrant sur la Malaisie, l’Arabie saoudite et, dans une moindre mesure, l’Indonésie. Un désengagement qui, s’il était imité par d’autres banques occidentales, permettrait aux «pure players» de la finance islamique, comme la malaisienne Maybank, de reprendre des parts de marché et, peut-être, de gagner ainsi en rentabilité.
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