Nestlé veut se délester de ses surgelés Maggi

Vendredi dernier, un comité central d'entreprise extraordinaire était convoqué à la division grand froid de Nestlé, à Noisiel. Au menu : l'avenir de l'activité « surgelés », principalement des plats cuisinés Maggi, qui pèsent un peu plus de 50 millions d'euros de ventes en grandes surfaces.Selon les syndicats, très inquiets, la direction envisage toutes les solutions, y compris de céder l'activité. « Le groupe ne semble pas très bien savoir où il va, évoque la recherche de partenaires extérieurs mais pourrait aussi bien fermer la moitié de l'usine de Beauvais dédiée aux plats cuisinés », confie à « La Tribune » le représentant CGT, Joël Desliens. Contrairement aux crèmes glacées (Nestlé, La Laitière) et aux pizzas (Buitoni), qui se portent bien, les plats cuisinés Maggi sont le point noir du groupe suisse car ils ne cessent de perdre des volumes : 14.000 tonnes en 2010, 1.500 de moins que l'année précédente, alors que l'usine devrait en produire 20.000 pour être rentable. « Nous laissons filer plus de 1.000 tonnes par an depuis la vente de Findus en 2000 », dénonce Joël Desliens.La situation actuelle résulte en effet de choix stratégiques pas toujours judicieux. En 2000, Nestlé vend Findus au fonds d'investissement EQT mais lui interdit de se lancer sur les plats cuisinés pendant quatre ans, afin d'imposer son autre marque, Maggi, sur ce créneau qu'elle juge porteur. Mais la marque, très forte sur les bouillons cube ou le traiteur frais, n'a aucune légitimité au rayon surgelé. Et dès que Findus revient sur le segment en 2004, ses ventes décollent aux dépens de son ancien propriétaire. « En cinq ans, Maggi est passé de 30 % à 15 % de part de marché quand nous passions de zéro à 9 % », se félicite le directeur général de Findus France, Matthieu Lambeaux. Alors que ce dernier ne cesse d'innover, Nestlé jette progressivement l'éponge. « Tous les investissements en production, promotion ou formation se font vers les glaces et rien pour les plats cuisinés », résume un représentant FO. Sur les cinq lignes du site de Beauvais, trois tournent à moins de 30 % de leur capacité et pourraient être fermées, les 300 salariés étant déjà progressivement transférés vers la partie crèmes glacées de la même usine.Mais Nestlé n'est pas le seul à lutter sur ce marché envahi par les marques de distributeur. LDC, le leader de la volaille, ne sait pas, lui non plus, que faire de sa branche Marie surgelés, héritée du rachat de Marie en 2009. « Nous pensions trouver 2,8 millions de pertes, il y en avait en fait 5,7 millions », déplore le directeur financier de LDC, André Delion. Lui vient de transformer sa branche surgelée en filiale indépendante. Elle compte trois usines, 700 salariés et réalise 58 millions d'euros de chiffre d'affaires. « Nous nous donnons six mois pour continuer seul, sous-traiter ou vendre », continue-t-il. Mais vendre à qui ? Findus était intéressé afin d'augmenter ses parts de marché mais a laissé tomber lorsque LDC a voulu l'utiliser comme sous-traitant de sa propre marque, Marie. La solution pourrait venir d'un groupe européen spécialisé dans les marques d'enseigne qui chercherait des outils de production clé en main. Mais il paraît plus probable que les activités de plats cuisinés surgelés de Nestlé ou de Marie soient progressivement abandonnées.
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